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le vieux monde qui n'en finit pas
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22 octobre 2024

Beyrouth s'embrase, le monde s'en f.

 

Par Abbas Fahdel
Beyrouth, chaque nuit, s'embrase sous les bombes israéliennes. À l’approche de l’obscurité, la ville retient son souffle avant le déferlement de la rage ennemie sur elle.
La nuit beyrouthine, celle des cafés et des restaurants animés, des places bondées de gens, résonne depuis des semaines du fracas des bombes. Les cœurs des Beyrouthins, qui ont vécu tant de guerres, sont lourds de cette nouvelle catastrophe. Mais ce qui frappe, cette fois, c’est l’indifférence de la communauté internationale face à leur souffrance. Le ciel, sillonné de missiles, est illuminé par des explosions qui déchirent le silence nocturne, mais aucun cri, aucun appel à l’aide ne parvient à franchir les frontières de la conscience mondiale. Ce sont des flammes lointaines que l’on regarde à la télévision, de courts extraits noyés dans la masse des actualités. Un bombardement de plus, une tragédie de plus, qui semble déjà trop familière pour susciter une véritable réaction.
Les ruines s’accumulent, des corps sont recouverts de poussière, mais le monde détourne le regard. Cette indifférence, qui équivaut à une complicité par l’inaction, est lourde de sens : c'est comme si elle dictait que la vie des Libanais, comme celle des Palestiniens, valait moins que celle des autres, qu’elle était secondaire dans la grande chorégraphie des alliances et des jeux de pouvoir. Les capitales occidentales qui se prétendent amies du Liban, avec leurs ambassades et leurs représentants, se contentent de murmurer des mots de soutien, des messages de "préoccupation" soigneusement calibrés. Mais ces paroles, vidées de substance, se perdent dans le vide, écrasées sous le poids de la réalité.
Ces pays, ces alliés autoproclamés, ont appris l’art du geste symbolique sans engagement réel. Leurs déclarations publiques, leurs promesses de solidarité ne sont que des simulacres, des postures politiques qui dissimulent une absence totale d’empathie et d’action concrète. Ils choisissent leur camp non en fonction de principes moraux, mais d’intérêts économiques et de stratégies géopolitiques. Les alliances se nouent et se dénouent selon les calculs froids des puissants, tandis que les rues de Beyrouth continuent de se couvrir de débris et de sang.
On appelle cela "équilibre" dans les discours diplomatiques, mais en réalité, c’est l’oubli. Un oubli qui permet à la violence des criminels de guerre israéliens de continuer sans encombre. Derrière chaque mot prononcé dans les salles feutrées des institutions internationales, derrière chaque appel à la "désescalade", se cache la vérité : personne ne veut vraiment agir, pas plus pour Gaza que pour le Liban. Les ventes d'armes pèsent plus lourd que la vie de milliers d'innocents pris dans le cycle infernal de destruction.
Pendant ce temps, Beyrouth brûle, ses rues peuplées non pas de fêtards mais de ceux qui n’ont nulle part où se réfugier. Les hôpitaux sont pleins, les équipes médicales dépassées, et chaque nuit, de nouvelles vagues de victimes arrivent, leur peau marquée par la violence des frappes. Ceux qui marchent parmi les décombres de la veille lèvent les yeux vers le ciel, non pour y chercher un espoir, mais pour guetter les éclats de lumière qui annoncent une nouvelle pluie de feu.
Les Beyrouthins, dans leur résilience presque héréditaire, continuent de tenir, mais cette survie a un coût : celui de l'oubli, de l'invisibilité, d'une souffrance ignorée par ceux qui prétendent défendre la justice et la paix. Chaque nuit, alors que Beyrouth brûle, c'est aussi l'espoir qui se consume un peu plus, dans l’indifférence d’un monde qui a choisi de regarder ailleurs.
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