Lectures pour tous : Mikhail et Elena Boulgakov
« Je suis vraiment à plaindre. Ici c’est l’enfer. Non seulement on ne voit pas la fin de cette chaleur mais elle devient de jour en jour de plus intolérable. Le soir, des papillons de nuit entrent par les fenêtres ouvertes et viennent se noyer dans la confiture. Ils sont suivis par des espèces de moucherons verts qui viennent crever sur les livres. Nastassia s’est mis une serviette mouillée sur la tête et gémit. Elle dit qu’un homme, et quelqu’un d’autre encore, s’est trouvé mal dans la queue pour les morceaux de glace. Travailler devient difficile. » Mikhail Boulgakov, 30 juillet 1938.
« Je suis passée chez le directeur adjoint du Fonds Littéraire pour parler du papier. Dans la boutique du Fonds Littéraire, on refuse de m’en vendre en affirmant que Micha [Boulgakov] a déjà dépassé la norme qui est, comme il s’est avéré, de quatre kilos de papier par an. Avec quoi doit-il travailler ? » Journal de Elena Sergueïevna, 1er novembre 1938.
Extraits de Mikhail Boulgakov, Les manuscrits ne brûlent pas. Une vie à travers des lettres et des journaux intimes. Traduit du russe et de l’anglais par Elisabeth Mouravieff, 1993, Julliard, « Papiers d’identité ».