Catherine Breillat contre les ligues de vertu
« Le Dernier Tango, j’y étais. [Elle jouait le personnage de "Mouchette" dans le film] Ce n’était pas la motte de beurre le problème. C’était purement symbolique, il n’y avait aucune pornographie. Seulement, à l’époque, le symbolique était très violent. Le lendemain de la scène, toute la loge – maquilleuse, coiffeuse, etc. – ne faisait que chuchoter. Les chuchotements sont devenus rumeurs et la rumeur est toujours dévastatrice. Maria Schneider a été poursuivie par tous ces gens qui se croyaient autorisés à ricaner de manière entendue. Au restaurant, on lui posait systématiquement sur la table une motte de beurre bien en évidence. C’est ça qui l’a détruite. Pas le tournage du film. Et maintenant, ce sont ces mêmes gens qui vont s’ériger en donneurs de leçons de morale et pères la vertu ? [...] Ce ne sont ni les films ni les metteurs en scène qui sont coupables mais ceux que ça révèle. Ces nouveaux petits Savonarole investis d’une mission justicière et qui, en ce moment, relèvent leur tête hideuse de toutes parts au nom d’une rigueur morale rétroactive. » Catherine Breillat, Je ne crois qu’en moi, entretien avec Murielle Joudet, Capricci, 1923.