Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 429 799
Newsletter
Derniers commentaires
8 février 2025

La guerre fut longue, ...

« La guerre fut longue, et plus que terrible. Ici et là, et à vrai dire partout (mais sans doute quelques malheurs sont-ils venus s’ajouter à la guerre, séismes et autres maelströms), on en voit les traces pieusement conservées, arrangées comme des installations d’artistes offertes au public: des pâtés d’immeubles éventrés, des murs criblés, des quartiers entiers ensevelis sous les gravats, des carcasses éviscérées, des cratères gigantesques transformés en dépotoirs fumants ou marécages putrides, des amoncellements hallucinants de ferrailles tordues, déchirées, fondues, dans lesquelles on vient lire des signes et, en certains lieux, de vastes zones interdites, de plusieurs centaines de kilosiccas ou chabirs carrés, ceintes de palissades grossières aux lieux de passage, arrachées par endroits, des territoires nus, balayés par des vents glacés ou torrides, où il semble s’être produit des événements dépassant l’entendement, des morceaux de soleil tombés sur la planète, des magies noires qui auraient déclenché des feux infernaux, quoi d’autre, car tout, terre, rochers, ouvrages de main d’homme, est vitrifié en profondeur, et ce magma irisé émet un grésillement lancinant qui hérisse le poil, fait bourdonner les oreilles, affole le rythme cardiaque. » Boualem Sansal, 2084. La fin du monde, 2015, Gallimard.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité