Lectures pour tous : Virginia Woolf
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« Je n’ai besoin de haïr aucun homme; il ne peut me nuire. Je n’ai besoin de flatter aucun homme; il n’a rien à m’offrir. Imperceptiblement, j’en suis donc venue à adopter une nouvelle attitude envers l’autre moitié de la race humaine. Il était absurde de blâmer une classe ou un sexe dans son ensemble. Les grands groupes humains ne sont jamais responsables de ce qu’ils font. Ils sont guidés par des instincts qu’ils ne maîtrisent pas. Eux aussi, les patriarches, les professeurs devaient affronter d’infinies difficultés, de terribles inconvénients. Par certains côtés, leur éducation avait été aussi critiquable que la mienne. Elle avait provoqué en eux des défauts aussi grands. Certes, ils avaient l’argent et le pouvoir, mais seulement à condition de loger dans leur sein un aigle, un vautour, qui leur arrachait constamment le foie et leur picorait les poumons : l’instinct de possession, la rage de l’acquisition. » Virginia Woolf, A Room of One's Own, 1929. Nouvelle traduction de l’anglais par Laurent Bury [Une pièce à soi, 2025], Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ».