Lectures pour tous : Boris Vian + l'Oulipo

« Affalé sur sa chaise, voûté dans un pyjama trop grand, mon père soufflait par le nez. Sa moustache blanche, d’habitude impeccable, était pleine de purée, avec même, dans les narines, quelques traces de farine dont je me demandais d’où elles avaient bien pu venir. Il faisait des boulettes de mie de pain qu’il catapultait avec sa cuiller à une hauteur de quelques centimètres pour les voir retomber sur la nappe. »

« J’ai un sujet de roman policier que j’écris pour Duhamel (série noire). C’est un sujet tellement bon que j’en suis moi-même étonné et légèrement admiratif. Si je le loupe, je me suicide au rateloucoume et à la banane frite. » Boris Vian, 1951. Las, Boris n’en écrira qu’un synopsis et les quatre premiers chapitres avant de passer à autre chose. Soixante-neuf ans plus tard (pour le centenaire de l’écrivain), Nicole Bertolt et un groupe d’oulipiens, soutenus par les éditions Fayard, imaginent la suite et la fin du roman. On n’y échappe pas, Fayard 2020, belle couverture d’époque de Clémentine Mélois.