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le vieux monde qui n'en finit pas
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20 juin 2008

Oh ! les beaux jours

la_joueuse_de_tarentelle

Jean Rouaud et moi, nous sommes presque voisins...
Eh bien quoi ? Comme n'importe quel gentleman-farmer dans n'importe quelle pièce d'un Tchekhov qui ne serait point russe mais breton, je migre aux premiers beaux jours vers le littoral atlantique pour profiter avant Paris, Lille et Bruxelles des coulis tiédissants des anticyclones açoriens, troquant aux petites heures les beuglements des pies et des merles schaerbeekois contre les pleurs des goêlands et les feulements des bécasses des bois fort répandues dans l'estuaire ligérien. (Le professeur Choron, qui n'est jamais bien loin, me souffle que les lendemains de fest noz, ces oiseaux noctambules sont surtout répandus au milieu des routes de campagne.)

Hier, l'état de nos lombaires nous l'eût-il permis, nous serions allés applaudir le concert un peu privé que Sonic Youth et quelques groupes amis ont donné dans un troquet-musée de Saint-Nazaire, tandis qu'ailleurs des hommes très bien s'esquintaient la prostate en buvant de la bière devant le match Russie-Suède. Nous y aurions peut-être croisé Jean Rouaud qui, on l'a déjà dit, réside dans le coin.

Je le sais parce qu'enfants nous fréquentions des collèges proches, lui chez les curés (Saint-Louis), moi dans la Laïque (Aristide Briand), mais aussi parce que les attachés de presse de Gallimard ne sont pas avares de ces détails sans intérêt qui permettent au vacancier d'affirmer: "En juillet-août, tel grand écrivain est presque mon voisin."

En tout cas, j'aime beaucoup le petit livre que Jean Rouaud vient de publier. La subversion carabinée n'est pas sa préoccupation première, mais il écrit foutrement bien (pas un mot pour rien, comme on dit), c'est toujours drôle et sentimental, on a l'impression de le connaître depuis toujours, d'être son cousin. Cent pages un peu proustiennes (je viens de me faire, en trois mots, septante-quatre ennemis) et un peu bluesy, auxquelles Rouaud joint précisément un long blues de sa composition, qu'il a gravé, en jouant de la guitare, sur un CD offert par la maison. De la Fiancée juive, c'est le titre du livre et celui de la chanson, on se rappellera ceci:

J'vois pas comment dans le rayon de ses yeux
Ne pas être amoureux
Dans ce cercle magique autour d'elle
Où tout est lumineux
Vous la verriez dans son jean bleu
Vous balanceriez vos saphirs
Vous la verriez sans son jean bleu
Les larmes vous montent de plaisir [...]

Parce que sans toi vraiment la vie
Je n'y arrive pas
C'est une douleur permanente un ennui
Le vide sous mes pas
Qu'on me rende ma fiancée juive
Mes poignées de saphirs
Et que les larmes qui me rongent
Soient des larmes de plaisir.

Je me trompe, ou cette Joueuse de tarentelle (Clovis Trouille) a un petit air de Lio ?

Ce billet est pour Tristane, qui a bien aimé les mots du blues.

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