Rififi à la Cinémathèque
Devant l'assemblée générale de la vénérable maison du 51 rue de Bercy, Paris XIIe, Michel Ciment a piqué un vrai coup de sang. En cause, pour l'actuel big boss de la revue de cinéma Positif, la grande, formidable et indispensable rétrospective estivale de 69 films de Jesse Franco.
De Sade: Les infortunés de la vertu (Jesse Franco, 1969)
S'agit-il de l'ènième retour d'un crêpage de chignons théorique, que l'on croyait fini depuis longtemps, entre un cinéma de mauvais genre et des auteurs soi-disant plus respectables ? "Dame ! dit Ciment, Franco est un vil pornographe, un point c'est tout." Argument qui laisse rêveur, comme d'habitude. Et de citer Deville, Rosi, Angelopoulos, Greenaway et Saura, censément méprisés par les programmateurs de la Thèque.
Ou bien du dernier épisode d'une polémique entretenue depuis trente ans par le jean-françois-kahnesque directeur de la revue menée jadis par Chardère, Benayoun, Legrand et Amengual (pour ne citer qu'eux) ?
A l'en croire en tout cas, la rétrospective Franco ouvrirait la porte aux pires excès. Hawks, Hitchcock et Renoir (trois maîtres-à-filmer des Cahiers du cinéma première manière) seraient condamnés à l'oubli, au profit de la série des Gendarme et, damnation !, de nos bons vieux Franco & Ciccio.
Avant d'aller méditer pareille exagération devant une anisette noyée (selon une habitude prise à Toulouse la semaine dernière), puis-je suggérer que l'on nous prépare, pour l'été 2009, une rétrospective des films de l'injustement méconnu Jean Rollin ?
Franco Franchi et Ciccio Ingrassia
Nous avons demandé à Ako Kyrou, compagnon de la première heure de Positif et érotomane précoce, ce qu'il pensait de ces spectaculaires fadaises. "Dès que j'ai fini de me retourner dans ma tombe, nous a-t-il fait dire, je viens foutre une bonne claque à Michel Ciment. Ah, celui-là, je vous jure !"