Les demoiselles
« À midi, chez Agnès Varda, rue Daguerre, son enclave de glaneuse au coeur fidèle et de conservatrice de l'éphémère. Tandis qu'elle monte un docu autobiographique, sa fille Rosalie et son petit-fils Valentin préparent avec amour le coffret DVD de l'intégrale Jacques Demy. Tous les chers fantômes de l'ami rêvé, bientôt à portée de notre désir.
Filmés côte à côte, Agnès et moi évoquons nos souvenirs de tournage du documentaire Les Demoiselles ont eu 25 ans dont j'avais eu l'idée, en marge de la fête anniversaire organisée par la mairie de Rochefort en juin 1992. Le temps d'un week-end, la mémoire collective d'une ville allait revivre dans le miroir d'un film mythique au glorieux casting.
Catherine Deneuve était revenue et trouvait les mots justes pour parler des jours heureux partagés avec sa soeur Françoise, et aussi des tilleuls de la place Colbert qui avaient tant grandi. Chacun sur place, autochtones et visiteurs, se souvenait de l'été lumineux de 1966 pendant lequel une ville de garnison à la stricte architecture militaire s'était soudain transformée en plateau de comédie musicale aux couleurs de fête.
"Le souvenir du bonheur, c'est peut-être encore le bonheur", suggère Agnès. »
Michel Boujut, cinéphile et critique de cinéma, jazzomane, romancier, etc., etc., que je remercie. (Libération 5-6 juillet 2008)
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