Gudule
Les grands romans de Gudule
ZOÉ BORBORYGME
Zoé était trayeuse spécialisée dans une banque de sperme. Elle aimait son métier car, comme elle le disait souvent, «Ce qu'il y a de bien dans ce travail, c'est les contacts humains.» De plus, elle ambitionnait secrètement d'épouser son patron, car c'était un banquier qui avait pas mal de de liquide. Sa vie s'écoulait donc, foutrement active, quand un jour...
Il était neuf heures du matin. Zoé s'apprêtait à enfiler ses gants de caoutchouc aseptisé quand elle vit arriver son directeur - qui répondait au doux nom d'Anatole Youplala -, la mine bouleversée et le regard vitreux.
- Il y a une fuite dans la banque ! murmura-t-il dans un rauque sanglot. Puis il ajouta :
- Deux mille tonnes de sperme ont disparu ! avant de s'effondrer sur le sol, inanimé.
Zoé avait l'habitude de prendre les choses en main. C'était une femme énergique.
- Je m'occupe de cette affaire, remettez-vous, lui dit-elle en lui tapotant maternellement les joues.
(A suivre)
Voilà ce qu'on put lire dans Pendant ce temps à Landerneau, supplément à (A suivre), magazine de bandes dessinées de la fin des années soixante-dix. Une poignée de pages vaguement autogérées par Yvan Delporte, André Franquin et leur bande de potes. Expérience qui tourna court, les Pieds Nickelés de l'ex-Trombone illustré, réfractaires aux menaces de censure de la maison Casterman, prirent rapidement leurs cliques et leurs claques. On ne connaîtra donc jamais la fin du grand roman de Gudule (en photo ici dans Les Deux Orphelines vampires de Jean Rollin), bien connue aujourd'hui pour ses livres destinés aux lardons. Sans oublier «Vos gueules les mômes !», sa chronique rigolote dans Siné Hebdo.