« Appel à la libération de Rouillan »
Une lettre de Dominique Grange
Le tribunal de Marseille vient de prononcer la révocation de la semi-liberté qui était appliquée à Jean-Marc Rouillan depuis dix mois. Après dix-sept ans de peine incompressible (dont sept à l'isolement) et trois années supplémentaires, le voici réincarcéré pour de bon. Nous avons été très nombreux à nous mobiliser, en 2007, pour la libération des militants d'Action directe emprisonnés depuis plus de vingt ans. Le 6 décembre de cette année-là, la nouvelle de la "libération" de Jean-Marc Rouillan s'est propagée à la vitesse de l'éclair dans les médias. On n'osait pas y croire ! Sorti de sa geôle de Lannemezan, il débarqua à Marseille où il allait revêtir un étrange costume, celui d'un homme désormais coupé en deux, libre le jour, reclus la nuit. Voilà donc comment on lui avait aménagé cette liberté tant attendue, ou plutôt semi-liberté, en attendant la conditionnelle.
Jean-Marc a répondu aux questions d'un journaliste en homme concerné par le monde qui l'entoure, sans franchir les limites imposées par la justice quant à son passé de militant d'Action directe. Il a revendiqué son refus de toutes les injustices, et son engagement politique récent au sein du Nouveau Parti anticapitaliste. Son crime lui a valu de se voir pris comme une souris au piège de l'arbitraire. Telle est l'absurdité d'un système qui, non content des vingt et un ans d'une peine accomplie, voudrait emprisonner jusqu'à sa pensée même.
Tous les hommes naissent libres et égaux en droits. Parmi ceux-ci figure le droit à la parole qu'il nous faut défendre bec et ongles: pour Rouillan, dont la réincarcération constitue une mesure dont nous dénonçons le caractère arbitraire, mais aussi pour nous, citoyens de ce pays, avant que cet arbitraire, sinistre apanage des régimes autoritaires, n'y devienne la règle.
C'est pourquoi nous exigeons aujourd'hui la liberté de parole et la remise en liberté immédiate et sans condition de Jean-Marc Rouillan.
Dominique Grange (paru hier matin dans SH)
En plus, elle chante (depuis quarante ans et des poussières).
Quand elle n'écrit pas des enflammants courriers de lectrice à l'hebdo de Siné,
Dominique Grange ne chôme pas, en effet.
Pour avoir des nouvelles, cliquer sur son portrait nappe-en-papier dressé par son copain Jacques Tardi.
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Noël Godin quant à lui, dans le même canard (qui, le plus étonnamment du monde et avec le plus incroyable manque de savoir-foutre, ne lui ouvre ses colonnes que toutes les deux semaines), rappelle à qui voudrait ne pas le savoir que Rouillan est un fieffé écrivain, dont les meilleurs livres ne demandent qu'à se laisser embarquer, menottes au poings, vers vos bibliothèques et sous vos sapins. [Les sapins de Noël. Je promets de ne plus la faire, celle-là.]
« Si la plupart de ces gustaves commandaient dès à présent chez leur libraire plusieurs exemplaires des deux derniers Rouillan à la place des nouveaux morpions des marie-salopes du jour (Amélie Nothomb, Ingrid Betancourt, soeur Emmanuelle), les intrépides éditions Agone, où Jean-Marc turbina pendant sa semi-liberté, seraient cocassement acculées, du coup même, à réimprimer en catastrophe les ouvrages réclamés à son de trompe. Ce qui bouleverserait toutes les lois de la fabrication putassière des succès de librairie » -- continue le galapiat bruxellois dans ce qui est décidément son poulet le plus épastrouillant depuis que Siné est devenu patron et son épouse DRH -- « égayerait un peu le pendard claquemuré, ferait grimper à l'échelle les tristes sires l'ayant réexpédié au gnouf, ameuterait les médias friands de coups de théâtre et mettrait une foutue ambiance dans vos réveillon plan-plan : "Tu me rappelles qui c'est, mon petit, ce Rouillan que m'offres là ? -- Ah, mère-grand, c'est le loustic qui a zigouillé le général Audran et le PDG Besse !"
A vous de jouer pour qu'au grand dam des hautes serpillières flicardes et magistrates entendant enterrer vivant l'inmatable Rouillan, ses bouquins cartonnent subitement mieux que le BHL-Houellebecq ou le Dominique de Villepin. »
Et de citer les Chroniques carcérales et De mémoire 1, sans parler du Capital humain (éditions L'Arganier), « un roman chouaga en phase avec les prochaines mutineries ouvrières où l'on constate que, de nos jours, quand on sort de prison, on est toujours en prison. » Et Godin conclut, turlututu : « Pour Rouillan, en avant ! »