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le vieux monde qui n'en finit pas
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24 octobre 2008

« Appel à la libération de Rouillan »

Une lettre de Dominique Grange

Le tribunal de Marseille vient de prononcer la révocation de la semi-liberté qui était appliquée à Jean-Marc Rouillan depuis dix mois. Après dix-sept ans de peine incompressible (dont sept à l'isolement) et trois années supplémentaires, le voici réincarcéré pour de bon. Nous avons été très nombreux à nous mobiliser, en 2007, pour la libération des militants d'Action directe emprisonnés depuis plus de vingt ans. Le 6 décembre de cette année-là, la nouvelle de la "libération" de Jean-Marc Rouillan s'est propagée à la vitesse de l'éclair dans les médias. On n'osait pas y croire ! Sorti de sa geôle de Lannemezan, il débarqua à Marseille où il allait revêtir un étrange costume, celui d'un homme désormais coupé en deux, libre le jour, reclus la nuit. Voilà donc comment on lui avait aménagé cette liberté tant attendue, ou plutôt semi-liberté, en attendant la conditionnelle.
Jean-Marc a répondu aux questions d'un journaliste en homme concerné par le monde qui l'entoure, sans franchir les limites imposées par la justice quant à son passé de militant d'Action directe. Il a revendiqué son refus de toutes les injustices, et son engagement politique récent au sein du Nouveau Parti anticapitaliste. Son crime lui a valu de se voir pris comme une souris au piège de l'arbitraire. Telle est l'absurdité d'un système qui, non content des vingt et un ans d'une peine accomplie, voudrait emprisonner jusqu'à sa pensée même.
Tous les hommes naissent libres et égaux en droits. Parmi ceux-ci figure le droit à la parole qu'il nous faut défendre bec et ongles: pour Rouillan, dont la réincarcération constitue une mesure dont nous dénonçons le caractère arbitraire, mais aussi pour nous, citoyens de ce pays, avant que cet arbitraire, sinistre apanage des régimes autoritaires, n'y devienne la règle.
C'est pourquoi nous exigeons aujourd'hui la liberté de parole et la remise en liberté immédiate et sans condition de Jean-Marc Rouillan.

Dominique Grange (paru hier matin dans SH)

tardi2008_04_11
En plus, elle chante (depuis quarante ans et des poussières).
Quand elle n'écrit pas des enflammants courriers de lectrice à l'hebdo de Siné,
Dominique Grange ne chôme pas, en effet.
Pour avoir des nouvelles, cliquer sur son portrait nappe-en-papier dressé par son copain Jacques Tardi.

~

Noël Godin quant à lui, dans le même canard (qui, le plus étonnamment du monde et avec le plus incroyable manque de savoir-foutre, ne lui ouvre ses colonnes que toutes les deux semaines), rappelle à qui voudrait ne pas le savoir que Rouillan est un fieffé écrivain, dont les meilleurs livres ne demandent qu'à se laisser embarquer, menottes au poings, vers vos bibliothèques et sous vos sapins. [Les sapins de Noël. Je promets de ne plus la faire, celle-là.]

« Si la plupart de ces gustaves commandaient dès à présent chez leur libraire plusieurs exemplaires des deux derniers Rouillan à la place des nouveaux morpions des marie-salopes du jour (Amélie Nothomb, Ingrid Betancourt, soeur Emmanuelle), les intrépides éditions Agone, où Jean-Marc turbina pendant sa semi-liberté, seraient cocassement acculées, du coup même, à réimprimer en catastrophe les ouvrages réclamés à son de trompe. Ce qui bouleverserait toutes les lois de la fabrication putassière des succès de librairie » -- continue le galapiat bruxellois dans ce qui est décidément son poulet le plus épastrouillant depuis que Siné est devenu patron et son épouse DRH -- « égayerait un peu le pendard claquemuré, ferait grimper à l'échelle les tristes sires l'ayant réexpédié au gnouf, ameuterait les médias friands de coups de théâtre et mettrait une foutue ambiance dans vos réveillon plan-plan : "Tu me rappelles qui c'est, mon petit, ce Rouillan que m'offres là ? -- Ah, mère-grand, c'est le loustic qui a zigouillé le général Audran et le PDG Besse !"
A vous de jouer pour qu'au grand dam des hautes serpillières flicardes et magistrates entendant enterrer vivant l'inmatable Rouillan, ses bouquins cartonnent subitement mieux que le BHL-Houellebecq ou le Dominique de Villepin. »

Et de citer les Chroniques carcérales et De mémoire 1, sans parler du Capital humain (éditions L'Arganier), « un roman chouaga en phase avec les prochaines mutineries ouvrières où l'on constate que, de nos jours, quand on sort de prison, on est toujours en prison. » Et Godin conclut, turlututu : « Pour Rouillan, en avant ! »

jmrcapitalhumain

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Commentaires
T
Salut, Zèbre. <br /> <br /> La gôche salonarde ferait de JMR un héros ? Première nouvelle. Sur quelle planète ? Plutôt l'impression que tout le monde se recroqueville lâchement en regardant ailleurs. A voir la gueule défaite de Besancenot, on a envie de se poser la vieille question, "A qui profite le crime ?"<br /> <br /> Mesrine, lui, n'a pas attendu Langmann-Cassel pour construire sa légende. Il était assez grand pour le faire sans l'aide de personne. C'est ce qui fait l'intérêt du bonhomme, bien plus que ses "faits d'armes" - ses robinhooderies comme dirait l'autre. Suffit, pour s'en assurer, de relire les journaux d'époque - ou de lire ses livres, édités par Lebovici et réédités ces jours-ci par Chollet chez Flammarion (sauf erreur, j'ai pas le temps de vérifier). D'excellents ouvrages au demeurant. Maintenant, si un producteur (qui s'est servi de ces bouquins pour écrire son film) a flairé le bon coup et veut se faire des sous là-dessus - entre une Piaf, un Coluche, une soeur Sourire, un GW Bush et deux Astérix (les biopics sont à la mode) - c'est son affaire. <br /> <br /> Mais pas de panique. Si mythe il y a, il est trop complexe et trop chaud pour que le salonard de gôche "lambda" y retrouve ses petits. Il préfère Amélie Poulain et Odette Toulemonde.<br /> <br /> Cheers,
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Z
D'accord avec Dominique Grange, et je ne comprends même pas qu'on puisse assortir une libération d'une interdiction de parler...Que Rouilllan soit libéré, oui; qu'il devienne une espèce de héros pour la gôche salonarde, on se passera de moi. <br /> Cette semaine,j'ai vu la création d'une légende avec la sortie du film sur Mesrine...même motif.<br /> Cette semaine aussi,dans la Fabrique de l'Histoire, une retrospective autour de la figure du brigand : "de la morale et la loi."<br /> <br /> http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabriquenew/archives.php
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