Les Vampires de Feuillade
« Dans les films, Louis Feuillade évite toujours l'ennui, l'emphase, le banal, l'usé, le longuet, le solennel, le pompeux. À chaque instant, écrit l'inusable Gilbert Lascault, il multiplie les surprises, les coups de théâtre, les étonnements, les embuscades, les guets-apens, les machinations, l'imprévu. [...] Feuillade tisse constamment l'émouvant et le comique, le drame et le bouffon, le terrible et le drôle. Il veut lier l'aventure et le cocasse. »
« Les Vampires et Fantômas sont les frères et soeurs de l'Effroi, dit plus loin Lascault dans ce formidable petit livre publié par Guy Jungblut (l'inlassable timonier des éditions Yellow Now). Criminels redoutables et fascinants, voyous absolus, scélérats impénitents, récidivistes impavides, bandits infâmes, rôdeurs endurcis, Apaches et Mohicans de la jungle de Paris, brigands urbains, malfrats, orphelins féroces, aigrefins, arrangeurs, mauvais garçons et filles vilaines, monteurs de coups, chourineurs, escarpes, malandrins, trousseurs, buteurs, ils envahissent l'inconscient collectif. Ils possèdent l'âme de l'époque, ils l'ébranlent, l'émeuvent, la surexcitent, l'agitent. Ils fascinent et menacent. Ils provoquent. Ils séduisent. Ils égarent. Ils envoûtent. Ils troublent. Ils fouillent et taraudent l'âme, ils la percent, ils la creusent. »
Et Desnos, en 1927, cité dans le livre: « Musidora, que vous étiez belle dans les Vampires ! Savez-vous que nous rêvions de vous et que, le soir venu, dans votre maillot noir, vous entriez sans frapper dans notre chambre, et qu'au réveil, le lendemain, nous cherchions la trace de la tremblante souris d'hôtel qui nous avait visités ? »
Mais s'agissant de cinéma (muet), quelques images valent mieux encore que les plus beaux discours :