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le vieux monde qui n'en finit pas
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20 novembre 2008

DeLillo et Monk

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© Herb Snitzer

« J'avais longtemps cru être l'une des dix seules personnes au monde à savoir que le second prénom de Thelonious Monk était Sphere. Dans le documentaire Straight No Chaser [film réalisé par Charlotte Zwerin et produit par Clint Eastwood, 1988], Sphere est le troisième mot prononcé. Le premier est Thelonious. Le deuxième aussi.

« Les paroles viennent après la musique, une séquence d'ouverture nous montre Thelonious en scène - debout et tournoyant - tandis que l'orchestre joue derrière lui. Il porte un bonnet très couvrant, d'Asie centrale, et il se précipite vers le piano avant que la session nemonk1 s'achève sans lui.

« Monk tournoie ainsi à plusieurs reprises au cours du film, un tournoiement méditatif qui peut être une variation du bop sur une danse de derviche mystique. Il exhibe une douzaine de chapeaux - un béret, un feutre, une casquette écossaise, une calotte, un fez modifié - et au piano il transpire et luit, ce qui se voit particulièrement dans les passages superbement contrastés en noir et blanc, où il se découpe en premier plan phosphorescent sur un fond uni sombre.

« À un moment, il porte un chapeau au lit, dans sa chambre d'hôtel, sous les draps remontés jusqu'à sa barbe. Cela se passe quelque part dans le nord de l'Europe, et il demande à un garçon d'hôtel qui se trouve là de lui apporter des foies de poulet. L'employé désemparé note la commande. Il peut apporter du poulet, il peut apporter du foie, mais il paraît incapable de situer ces deux éléments dans le même contexte alimentaire. Peut-être est-ce un problème de langage.

« Monk utilise le langage de manière expressionniste, en émettant des sons parlés pendant presque tout le film, des niveaux d'expression qui s'élèvent rarement au-dessus du marmonnement. Glenn Gould fredonnait tout en jouant. Monk fredonne tout en parlant. Il est intelligent et complexe, mais il a tendance à considérer la parole comme un fastidieux sous-genre de musique. »

Don DeLillo, extrait de Contrepoint: trois films, un livre, et une vieille photographie,
traduit de l'anglais par Marianne Véron. © Don DeLillo, 2004.
Paru dans la NRF, n°571, octobre 2004, puis dans Le Magazine littéraire, hors-série n°12, « La Solitude ».

Ce texte m'est parvenu (par voie postale et sous forme des six photocopies de format A4) par les bons soins de Guy [glaz] qui, par ailleurs, célébrait hier son 58e anniversaire.

monk2
Monk, avec Dizzy Gillespie
(mais pas dans le film de Zwerin)

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Commentaires
B
Je me suis permise de copier le texte de Don DeLillo sur mon blog, en indiquant bien sûr la source. Est-ce que ça ne t'ennuie pas ? Sinon, je peux l'enlever et ne laisser qu'un lien vers ton blog.<br /> Merci<br /> Belette
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