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23 décembre 2008

Julien Coupat, Yldune Lévy, on attend

Pour la libération de Julien Coupat et Yldune Lévy (42 jours de cellule)

On y reviendra tant qu'il faudra y revenir

Mardi 23 décembre 2008 - Jura libertaire

Les inculpés de Tarnac : un renversement de l'ordre de droit 

Un juge des libertés et de la détention (JLD) a signé une ordonnance de remise en liberté de Julien Coupat à la suite d’une demande déposée par son avocate, Me Irène Terrel, à l’issue d’un interrogatoire de Julien Coupat devant le juge d’instruction chargé de l’enquête le 12 décembre.

Julien Coupat n’a cependant pas été remis en liberté, le procureur du parquet de Paris ayant utilisé la procédure inhabituelle dite de «référé-détention» pour suspendre la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Julien Coupat contre la décision du JLD. Cet appel doit être examiné mardi par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. 

[Pour l'article « Attendrir la viande » de Serge Quadruppani, cliquer sur le paragraphe qui précède]

L’absence d’éléments matériels permettant de poursuivre les inculpés n’est pas niée, mais la nécessaire prévalence des faits est renversée au profit de la primauté de l’image construite par le pouvoir. La position de la ministre Mme Alliot-Marie est particulièrement intéressante : « Ils ont adopté la méthode de la clandestinité, assure la ministre. Ils n’utilisent jamais de téléphones portables et résident dans des endroits où il est très difficile à la police de mener des inquisitions sans se faire repérer. Ils se sont arrangés pour avoir, dans le village de Tarnac, des relations amicales avec les gens qui pouvaient les prévenir de la présence d’étrangers. » Mais la ministre en convient : « Il n’y a pas de trace d’attentats contre des personnes. »

Ces déclarations résument bien l’affaire. Ce qui fait de ces jeunes gens des terroristes, c’est leur mode de vie, le fait qu’ils tentent d’échapper à la machine économique et qu’ils n’adoptent pas un comportement de soumission « proactive » aux procédures de contrôle. Ne pas avoir de téléphone portable devient un indice établissant des intentions terroristes. Rétablir le lien social est également un comportement incriminé, puisque cette pratique permet de poser un cran d’arrêt au déploiement de la toute puissance de l’État.

Dans ces déclarations la référence aux faits, en l’absence de tout indice matériel probant, ne peut être intégrée rationnellement et engendre la phase du délire, une reconstruction du réel avec l’image du terrorisme comme support.

Ce processus est également visible dans les rapports de police, dans lesquels s’opère, au niveau du langage, toute une reconstruction fantasmatique de la réalité.

Ainsi, comme indice matériel prouvant la culpabilité des inculpés, la police parle « de documents précisant les heures de passage des trains, commune par commune, avec horaire de départ et d’arrivée dans les gares ». Un horaire de la SNCF devient ainsi un document particulièrement inquiétant, dont la possession implique nécessairement la participation à des dégradations contre la compagnie de chemins de fer.

La mise en scène de l’arrestation et de l’inculpation des « autonomes de Tarnac » est un phénomène qui révèle non seulement un bouleversement de l’ordre juridique, mais aussi une mutation plus profonde, celle de l’ordre symbolique de la société.

Le pouvoir a la possibilité de créer un nouveau réel, une virtualité qui ne supprime pas, mais qui supplante les faits. La faiblesse du mouvement social, la faillite de la fonction symbolique explique l’absence de frein à la toute puissance de l’État qui se montre en tant qu’image englobante, en tant que figure maternelle. À un ordre social névrotique qui se révèle contradictoire, se substitue une structure psychotique, un ordre qui supprime tout conflit, toute possibilité de confrontation avec le réel.

Jean-Claude Paye, sociologue
Le Journal du pays basque, 20/12/2008

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Commentaires
J
J’ai vraiment les jetons depuis que vous mettez TOUS les terroristes en tôle.<br /> Aujourd’hui, je me suis acheté un portable pour être facilement repérable – ce qui me console, c’est que la mise sur écoute vous coûte un max, mais je vois que vous avez fait un effort en refacturant vos frais aux gardés à vue en mois… de garde à vue. Je me suis aussi engueulé avec toutes les personnes du quartier où j’habite depuis quelques années – désolé, mais on fait une fête de rue chaque année, ça crée des liens –, ils n’auront ainsi plus aucune envie de me signaler la présence de vos poulets dans les buissons des jardins anglais (très « campagne à l’accès difficile ») de mon avenue.<br /> J’ai également incinéré mes indicateurs de la Ceu-neu-ceu-feu et de la Ceu-neu-ceu-beu : il y avait les horaires de tous les TGV, y compris ceux du Thalys et de l’Eurostar. J’ai aussi déchiré mes cartes Michelin où sont tracées les lignes de la Ceu-neu-ceu-feu, mais aussi les emplacements des centrales nucléaires, aéroports, ports, tunnels et autres ponts, stratégiques assurément. J’ai broyé mon plan de Paris où on repérait facilement l’Élysée et la tour Eiffel, la Seine, Notre-Dame, le Panthéon et les rues de Solférino et de la Paix. J’ai fait pareil avec celui de Bruxelles où Sarko Ier vient de temps en temps manger des frites chez Eugène. J’ai téléphoné au curé qui m’accepte au catéchisme du mercredi soir et qui me baptisera demain à la messe de minuit.<br /> La seule chose que je ne me résous pas à jeter, ce sont mes disques du Chet, situation qui ne nuira pas, je l’espère, à nos relations zérotiques que je compte bien maintenir à la température du froid absolu.
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