Le philosophe transfiguré
« Je suis allé voir Welcome, de Philippe Lioret, un excellent film réalisé à partir de l'excellent travail de l'écrivain Olivier Adam. Ce genre d'œuvre compte dans la vie d'un homme: voir ce film transfigure. » [Michel Onfray, Siné Hebdo n° 32. C'est lui qui souligne.]
Il y va fort, le Michel. Un philosophe, ça connaît le sens des mots, sans quoi ça ne sert plus à rien. A-t-il contracté quelque maladie, prie-t-il une nonnette de ses amies de rédiger à sa place sa chronique hebdomadaire - comme Jean-Patrick Manchette le demanda jadis à son fils, après qu'il eut découvert son agoraphobie ?
Ou bien pète-t-il tout simplement les plombs ? Peut-on dans ce cas garder son sérieux avec un type qui se montra si sévère à l'égard de Stirner et Bakounine, sans parler du prince Kropotkine (pour ne garder que le triste Proudhon dans le tiroir à "bons anars") et se déclare tout à trac transfiguré par un film neuneu, fût-il sympathique comme celui de Philippe Lioret ?
Ou bien doit-on le prendre au mot, et se rappeler le témoignage de Mathieu (qui connaît bien la science de la transfiguration, pour l'avoir quasiment mise au point) ?
« Et il fut transfiguré devant eux. Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la neige. » [La Bible, Évangile selon saint Mathieu, XVII, 2]
Philosophe transfiguré quittant la salle de projection en compagnie du Réalisateur et de son Scénariste
Oui, je sais. Tous les prétextes sont bons pour se moquer des curetons.