Johnny Hallyday, acteur en sole majeure
Johnny Hallyday chez des réalisateurs amis de la famille, ça ne date pas d'hier. Même en mettant de côté les films idole-des-jeunes des tout débuts (succulents), un John Berry-Eddie Constantine formidable (A tout casser), un Patrice Leconte assez réussi (L'Homme du train) et quelques pubs pour payer ses impôts luxembourgeois (les bobos ricaneurs devront nous expliquer en quoi il est plus stupide de vendre des lunettes sur TF1 que de promouvoir les produits L'Oréal (Deneuve) ou Armani (Scorsese) sur les chaînes publiques et dans les magazines branchés)... reste donc le trio Godard-Stévenin-To. Au prorata du nombre de films tournés en quarante ans, le bilan de Johnny n'a rien à envier à celui, disons, d'un Gabin ou d'un Depardieu.
Nathalie Baye, Jean-Luc Godard, Johnny Hallyday, tournage de Détective, 1985
«Beaucoup d’acteurs s’en plaignent, moi je me suis très bien entendu avec lui. La première fois qu’on s’est rencontrés, il m’a invité à déjeuner chez Dessirier [brasserie connue pour ses plats de poisson]. On s’est assis. Godard a dit : “J’prendrai une sole. Hein Johnny, toi aussi.” Je voulais pas le contrarier, j’ai répondu “Oui, d’accord”. On a mangé en silence. Et à la fin, il m’a dit : “Formidable, on commence à tourner dans quinze jours. Au revoir.” C’est tout ! Voilà, c’était Godard.» [Les Inrockuptibles, 19/5/2009]
Johnny Hallyday et Jean-François Stévenin dans Mischka (2001), de Jean-François Stévenin
«Ah, j’aime beaucoup ce film! Je fais un tout petit truc dedans. Je l’ai fait par amitié pour Jean-François, c’est mon pote. Il venait régulièrement voir mes tournées, il traînait souvent dans les coulisses parce qu’il connaissait un de mes gardes du corps. A force de le voir, je lui ai dit “Viens bouffer avec nous à la cantine”. C’est comme ça qu’on est devenus potes. Un jour, il me demande de venir tourner une journée dans Mischka. Ce jour-là, je devais faire l’Olympia le soir. Je lui dis: “Je veux bien venir, mais faut que ce soit en hélico, je peux te consacrer trois heures, puis faut que je retourne à Paris pour être sur scène le soir.” Tope-là, je suis venu en hélico, j’ai tourné les deux ou trois scènes et je suis reparti. C’est vachement bien, Mischka. Il a du talent Jean-François, malheureusement, il fait pas assez de films. Il tourne avec sa tribu, comme il dit. Quand j’ai joué dans Commissaire Moulin, je leur ai dit de prendre Stévenin. Ils m’ont écouté et il était très bien dans le rôle.» [idem]
Johnny Hallyday dans Fu chou (Vengeance) de Johnnie To, 2009
«[Le producteur] me donne un premier projet, me dit que ça a été refusé par Delon parce que le personnage est un ancien tueur atteint d’Alzheimer. Je lui ai dit “Moi non plus, Alzheimer, non”. Il me dit que Johnnie To modifierait le scénario pour moi: ce serait toujours un ancien tueur, mais qui a reçu une balle dans la tête, qu’on n’a pas pu extraire, et qui souffre de perte de mémoire. Là, ça me convenait.» [idem]