Tract de La Meute (Nantes) : « Nous sommes revenus »
Tract diffusé lors du sacage du Lieu Unique
Nous sommes revenus
Un agrégat d'artistes et de gestionnaires prétend faire «œuvre» en déportant six fauves dans les douves du château de Nantes. Ceux qui imaginent faire «vibrer» la cité «en y intégrant du sauvage» s'apercevront très vite que ce qui reste de loup dans une civilisation qui fonde son industrie et sa culture sur la domestication et le recyclage du vivant, va tôt ou tard leur sauter à la gorge. Et cela, d'une façon qu'ils ne prévoyaient pas: en ouvrant des brèches dans le mur des prothèses, par la pratique d'un art raffiné des conséquences. Cette introduction finira très mal pour ses concepteurs, pour ceux qui croyaient en finir de la sorte avec toute insurrection.
Vous avez cru pouvoir faire un détour, mais ça vous ravage, ça vous saisit à la gorge
Car ni l'artiste, ni le gestionnaire, dans leur plénitude capricieuse, ne savent que le loup qu'ils nous livrent, le paria qu'ils ont revêtu d'une apparence de civilité, ce morceau de chair sauvage, ce carré de poil sur le sol et qui se traîne, c'est l'image exhibée de l'homme domestiqué. Une image qui est aussi le masque d'une créature lézardée, brûlée, mais jamais très loin de sortir de son enfer pour embraser cette image du monde. Tous les dispositifs à l'œuvre ne parviendront pas toujours à pacifier ce fauve partout à l'affût.
Ne croyez pas qu'on puisse ainsi brûler un rêve.
Ce fauve qui rôde au fond des douves de ce qui fut, de ce qui est redevenu une prison, nous voit défiler, nous qui croyons vivre encore alors que chaque jour nous mourrons un peu, à force de survivre. Il attend le moment, l'heure d'agir... Et nous avec lui.
Le pont-levis est relevé, mais les murailles sont fissurées.
Depuis ce Lieu Unique, au cœur de la Métropole, les agents d'une guerre contre tout ce qui vit et qui échappe voudraient démontrer que rien ne peut plus arriver.
Le mobilier a été le premier à vraiment comprendre la différence entre chien et loup.
Pourtant, des meutes rôdent et la rage court toujours.
La Meute