Voici la solution, en forme de « Lecture pour tous », à la devinette du 13 courant [clic]. Tout le monde a donné la réponse. J'en déduis que la question était trop facile ou que le blog est fréquenté par plus de sadistes lettrés que de sombres célinomanes.
[Allez, on ne parle plus de ce bouffon de Céline. Promis.]
Les deux phrases citées étaient extraites de 50 lettres du marquis de Sade à sa femme, publiées par les éditions Flammarion sous la responsabilité de Jean-Christophe Abramovici et Patrick Graille, préfacées par Pierre Leroy, dans le texte de Cécile Guilbert. Les 256 pages de cet ouvrage magnifique ne coûtent que 50 €. Il s'agit, nous informe l'éditeur, d'une «reproduction en fac-similé des manuscrits d'une cinquantaine des lettres que le marquis de Sade envoya de prison à sa femme, Renée-Pélagie, entre le 6/3/1777 et le 25/11/1799». (La lettre citée ici datait du 20/2/1780.) Avec leur transcription en français moderne.

Prière d'insérer :
« 50 lettres du marquis de Sade à sa femme, 1777-1799. En 1776, Sade vit ses dernières heures de liberté. Il a trente-cinq ans. S'il a déjà connu de courts séjours en prison, "l'affaire de Marseille", nouvelle histoire de débauche qui éclate en 1772, lui vaut une peine qu'il ne soupçonnait pas: une condamnation à mort, par contumace car le marquis s'enfuit en Italie. En 1775, "l'affaire des petites filles" lui adjoint treize ans supplémentaires de prison. Arrêté à Paris le 13 février 1777, il est conduit au château de Vincennes mais garde la vie sauve grâce à une lettre de cachet; il en sort en 1790. Il ne sait pas alors qu'il connaîtra encore treize années de captivité, cette fois en asile de fous. Le jeune noble insouciant et friand de plaisirs se mue en un proscrit promis à une vie d'enfermement. C'est pourtant durant cette existence de reclus qu'il deviendra l'écrivain et l'épistolier que l'on sait. Cet "enragé de liberté", comme l'écrit Jean Paulhan, livrera dès lors, dans les lettres qu'il adresse à sa femme Renée-Pélagie, ultime et fidèle confidente, quelques-unes de ses plus belles pages. Au fil de ses courriers, Sade la supplie et l'insulte tout à la fois: il maudit sa mère la présidente, source de tous ses maux, lui réclame ses commissions d'un ton capricieux - bougies ou livres, cire d'Espagne ou "étuis" -, lui confie avec passion son désarroi et sa rage indéfectible. Il reste inflexible malgré tout: "Le malheur ne m'avilira jamais." Toujours aiguë, souvent tranchante, trempée parfois d'un humour féroce, sa plume révèle dans sa vérité nue l'homme furieux, fiévreux, et souffrant de ces entraves insupportables. À cela, pour seul remède, l'écriture, toujours, réclamant dans un souffle aux accents de prière "des livres des livres des livres au nom de dieu". »