Le jazz que je préfère (07) Thierry Horguelin
J’ai demandé à quelques amis et comparses d’établir la liste de leurs 25 albums de jazz préférés. (...) Pour voir l'historique de la série, cliquer sur "jazz 25", dans les tags, au bas du présent billet. Pour le mode d'emploi, cliquer ICI.
Aujourd'hui : Thierry Horguelin
~
Choix péniblement réfléchi – il aurait fallu le triple de titres pour faire le tour complet du propriétaire –, en privilégiant réellement ce qui tourne le plus souvent sur ma platine. D’où plus d’un absent, célèbre ou moins connu, et l’omission de grands classiques (« Money Jungle », « Kind of Blue », séances Dial et Savoy de Charlie Parker, etc.) que j’ai comme tout le monde usés jusqu’au dernier sillon, et que du coup j’écoute moins aujourd’hui.
~
Louis Armstrong, « Hot Fives and Sevens », 1925-1930, 4CD JSP [1999]. Évidence inoxydable d’Armstrong.
« Count Basie and his Orchestra « 1936-1938 », Classics. Herschel Evans, Lester Young, Jimmy Rushing, tout ça.
Coleman Hawkins, « The Bebop Years » 1939-1949, 4CD Properbox [2006]. I Surrender, Dear (1940) : intro chavirante au piano, soie du saxophone, le morceau qui, vers huit-dix ans, a décidé de mon amour du jazz.
Duke Ellington, « The Webster-Blanton Band », 1940-1942, 3CD RCA [1990]. L’album pour l’île déserte ? Peut-être bien.
Chet Baker / Gerry Mulligan, « The Original Chet Baker & Gerry Mulligan Quartet : Complete Recordings », 1952-1953, 4CD Definitive [2004]. Plaisir de la miniature, de l’entrelacs, du contrepoint fugué qui font l’enchantement du cool et de la West Coast (longue liste d’albums).
Anita O’Day, « The Complete Clef/Verve Sessions, 1952-1962 », (1999, 9 CD Mosaic). Rhââââ lovely.
Serge Chaloff, « Blue Serge », 1956, Capitol. Le plus aérien des barytons.
Helen Merrill, « Helen Merrill », 1956, Emarcy. Des torrents de mélancolie.
Curtis Fuller, « Blues-ette », 1956, Savoy. Avec et pour Benny Golson, le chat-tigre du saxo ténor. Six morceaux, trente-sept minutes et pas une note à jeter. Une de ces séances parfaites dont les années 1950 avaient le secret (voir encore « For Real ! » de Hampton Hawes et bien sûr quantité de Blue Note).
« Shelly Manne and His Men at the Black Hawk », 1959, 5 vol., Contemporary. Le jazz en club à son meilleur, un de ces enregistrements qui ont capturé magiquement l’air de leur temps (comme les séances Miles-Coltrane enregistrées à la volée pour Prestige). Le vol. 4 fut mon premier 33 tours de jazz, fauché dans un grand magasin après avoir entendu Nightingale à la radio.
Un Bill Evans période Riverside, je ne parviens pas à trancher entre « Everybody Digs Bill Evans » (1958) et « Explorations » (1961).
John Coltrane, « Giant Steps », 1959, Atlantic, auquel il faut adjoindre « Coltrane Jazz », puisque les séances se chevauchent d’un disque à l’autre.
« Chico Hamilton Quintet 1958-1959 Featuring Eric Dolphy », Freshsound. Pour les après-midis d’automne.
Oliver Nelson / Eric Dolphy, « Straight Ahead », 1961, New Jazz. Les grands écarts extravagants de Dolphy rebondissant sur les solos straightforward de Nelson. Disque mineur si l’on veut, mais de bout en bout jubilatoire.
« Jimmy Giuffre 3 », 1961, ECM. Sommet du jazz de chambre. Et pour le versant folk-jazz de Giuffre, le merveilleux « Traditionalism Revisited » (Bob Brookmeyer).
Thelonious Monk, « Monk Alone : The Complete Columbia Solo Studio Recordings », 1962-1968, 2CD Columbia.
Sonny Rollins, « Now’s the Time », 1964, RCA.
Joe Henderson, « Inner Urge », 1964, Blue Note. Parmi tant de Blue Note essentiels où figure Henderson comme leader ou sideman.
Rahsaan Roland Kirk / Al Hibbler, « A Meeting of the Times », 1966, Atlantic. Jubilation encore que cette rencontre martienne entre Kirk et un crooner sur le retour, à la voix de whisky pur malt, à la diction aberrante.
Amalgam, « Prayer for Peace », 1969, FMR. Le free anglais et ses alentours, c’est une foule de gens passionnants (Evan Parker, Howard Riley, Paul Dunmall, Elton Dean et consorts) ; c’est aussi ce beau disque méditatif réunissant Trevor Watts, Jeff Clyne, Barry Guy et John Stevens.
Charles Mingus, séance parisienne du 31 octobre 1970 (répartie sur deux 33 tours America, « Pithycanthropus Erectus » et « Bluebird »). Retenue pour des raisons sentimentales, ce qui m’épargne le casse-tête de choisir parmi ses disques Atlantic.
Anthony Braxton, « Saxophone Improvisations Series F », 1972, America.
Paul Bley, « Open, to Love » (1972, ECM) ou « Homage to Carla » (1992, Owl), suivant les jours.
Lee Konitz / Red Mitchell, « I Concentrate on You », 1974, Steeplechase. Cole Porter, l’imagination mélodique inépuisable de Konitz et la basse chantante de Red Mitchell, qui est le partenaire idéal de ce genre de situation (voir aussi ses duos avec le cher Warne Marsh). On ne s’en lasse pas.
Ganelin Trio, « Ancora da Capo », 1980, Leo Records. Musique fascinante, tour à tour drôle et crépusculaire, procédant par collage de be-bop, de free, d’éléments de folk et de musique contemporaine, déployé en deux longues suites.
André Jaume / Charlie Haden / Olivier Clerc, « Peace Pace Paix », 1990, Celp. Au ténor et à la clarinette basse (miam), un musicien modeste et discret qui mériterait une plus grande reconnaissance.
Gary Bartz, « There Goes the Neighborhood ! », 1990, Candid. Un de ces concerts énergisants où l’on aurait voulu être présent dans la salle.
Steve Lacy / Eric Watson, « Spirit of Mingus », 1991, Freelance.
Clusone 3, « Soft Lights and Sweet Music », 1993, Hatology. Irving Berlin tour à tour tendrement caressé et sauvagement déconstruit par un trio (Michael Moore, Han Benink, Ernst Reijinger) pratiquant l’amour vache. De Moore, voir aussi les deux superbes disques consacrés à Bob Dylan.
« Martial Solal improvise pour France Musique », 1993-1994, 2CD JMS. Humour et virtuosité renversante de Solal en solo, thèmes déconstruits, reconstruits, retournés comme des gants, suspense et carambolages, catalyse immédiate de l’idée musicale dans son exécution.
Walter Norris / George Mraz, « Hues of Blues », 1995, Concord. Encore un beau duo, parmi tant d’autres que j’aime (Alan Broadbent/Gary Foster, Denny Zetlin/David Friesen, chez Concord itou ; Tommy Flanagan/George Mraz chez Enja).
Abash, « Jazz », 1995, Dragon. Trio suédois très excitant qui semble s’être évaporé dans la nature.
The Vandermark 5, « Simpatico », 1998, Atavistic, à moins que NRG Ensemble, « Bejazzo Gets a Facelift » (1997 Atavistic) ?