Le jazz que je préfère (15) Jean-Yves Laporte
J’ai demandé à quelques amis et comparses d’établir la liste de leurs 25 albums de jazz préférés. (...) Pour voir l'historique de la série, cliquer sur "jazz 25", dans les tags, au bas du présent billet. Pour le mode d'emploi, cliquer ICI.
Aujourd'hui : Jean-Yves Laporte
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Charles Mingus, « Mingus at Antibes », 1960, Atlantic.
Avec Dolphy évidemment, variations autour d’un même thème, mi-gospel, mi-New Orleans, tout Mingus.
Charles Mingus Featuring Eric Dolphy, « Town Hall Concert », 1964, Fantasy.
En 1964, Mingus et son Workshop donnent le concert initial d’une tournée européenne qui sera la dernière avec Eric Dolphy, lequel quittera le groupe à la fin de la tournée pour rester en Europe où il mourra d'une bête crise de diabète. Des nombreux enregistrements qu’il nous reste de la tournée, celui-ci m’a toujours paru supérieur par la prise de son d’abord, puis par l’énergie phénoménale de chacun des protagonistes, Dolphy en premier lieu, mais Jordan également, tranchant mais jamais rasoir, et Coles, toujours juste, et Richmond, le batteur le plus musical de la planète, toujours en retrait, toujours à battre la progression d’accords plutôt que de marteler le tempo. Meditations reste pour moi un des sommets du jazz, toutes époques confondues, même et surtout avec Dolphy qui se trompe dans la reprise du thème.
Mingus, au choix : « The Black Saint and the Sinner Lady » (1963, Impulse !) ou encore « In a Soulful Mood » (1960, MCI), ou peut-être « Blues and Roots » (1959, Atlantic), ou bien « Pithecantropus Erectus » (1956, Atlantic). Allez, « Blues and Roots », et ça suffit pour Mingus. Ou alors on lui adjoint Ellington, et ça donne...
... « Money Jungle » (1962, Blue Note), Ellington, Roach, Mingus, et ça n'a pas besoin de présentation.
« Duke Ellington and John Coltrane », 1962, Impulse !
Coltrane apaisé, canalisé, espiègle même.
Oliver Nelson, « The Blues and the Abstract Truth », 1961, Impulse !
Tiens, encore un avec Dolphy. Simple hasard.
Hamiet Bluiett, « The Clarinet Family », 1984, Black Saint.
Un live de 1984, à Berlin. Clarinettes seulement, avec rythmique, tout en jubilations diverses et stridulations.
Duke Ellington, « The New Orleans Suite » (1970, Atlantic), moins éclatant que « Afro Eurasian Eclipse » (1971, Fantasy), moins essentiel, mais néanmoins plus attachant.
Steve Lacy / Eric Watson, « Spirit of Mingus », 1991, Freelance.
Longtemps un album de chevet, peut-être celui qui revient avec le plus de constance sur mon lecteur.
Michael Moore, « Jewels and Binocular Play the Music of Bob Dylan », 2000, Ramboy, et la suite : « Jewels and Binocular : Floater », 2003, Ramboy.
Deux petits bijoux pour tous ceux qui aiment entendre Dylan rectifié.
William Parker / Hamid Drake, « Piercing the Veil », 2000, AUM Fid.
Contrebasse et batterie seulement. Pour les jours maussades où l’on a envie de déménager.
Aldo Romano / Louis Sclavis / Henri Texier, « Carnets de route », 1994-1995, Label Bleu.
Louis Sclavis Trio, « Ceux qui veillent la nuit », 1996, JMS.
Mal Waldron, « The Quest », 1961, Prestige.
Tiens, encore Dolphy ici, avec, à ce que je sache, sa seule prestation à la clarinette soprano. D''ailleurs il craque et j'avoue que ça fait bien plaisir.
Randy Weston, « The Spirit of Our Ancestors », 1991, 2CD Verve.
Un double à visée anthologique très racine.
Coltrane, John de son petit nom, « Impressions » (1961-1963, Polygram).
Pour des raisons sentimentales : ce fut parmi mes premiers.
Coltrane encore, « First Meditations (for Quartet) », 1965, Impulse !
Un des tout premiers vinyles jazz que je m’étais procuré par hasard et qui m’avait dégoûté du jazz pour encore quelques années. Je l’ai redécouvert avec stupéfaction quelques années plus tard. C'est la suite directe de « A Love Supreme », plus lyrique m’a-t-il toujours semblé, plus posé aussi, bref « A Love Supreme » plus maîtrisé encore.
Coltrane à nouveau, bicause toujours : « My Favorite Things », 1960, Atlantic.
Pour Julie Andrews évidemment, revue par Kandinsky.
Monk, rien d'original là non plus : « Monk's Music. The Thelonious Monk Septet », 1957, Riverside.
Avec Coltrane et Hawkins. « Coltrane, Coltrane... », clame le moine.
Charlie Parker, « The Savoy Recordings », 1944-1948, 2LP Savoy.
L'essentiel, avec plein de gens affables (Miles, Dizzy, Roach, Bud Powell).
Ornette Coleman, « Tomorrow is the Question » (1959, OJC), ou alors « Something Else » (1958, Contemporary), mais plus certainement le premier.
Rabih Abou-Khalil, « Morton's Foot », 2003, Enja.
Pour l’exotisme, mais surtout pour la clarinette céleste de Mirabassi.
Sun Ra, « Dancing Shadows », 1966, Magic Circus.
Le joli pandémonium que voilà, avec de belles envolées interstellaires.
Roland Kirk, « We Free Kings », 1961, Mercury.
Rugueux et sans fard, élémentaire, parfait pour une journée franche.
Miles Davis, « Kind of Blue », 1959, Columbia.
Historique et consensuel : on s’y laisse prendre à chaque fois.
John Zorn, « Masada First Live 1993 », Tzadik. Pas que virtuose, drôlement séduisant, plaisir assuré.