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16 juillet 2010

Chomsky à Paris - Silence radio (article volé)

Sur ordre d'un officine de presse malencontreusement citée dans l'article, Canalblog a, sans préavis, notification ni explication, sucré ce billet publié ici même le 2 juin 2010. Je n'ai pas le temps de reconstituer les commentaires posés par les amis lecteurs (qu'ils reçoivent mes excuses). Mais, par principe, je re-poste le texte. En remplaçant le nom de l'agence par un gros mot. Ca ne mange pas de pain et ça fait du bien.

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Chomsky à Paris - Silence radio

[arcadel] me fait suivre l'article de Dan Israel sur le silence presque absolu des médias français sur le passage à Paris de Noam Chomsky. Après les fusils des flics israéliens l'empêchant d'entrer en Cisjordanie (pour s'entretenir avec des étudiants à Ramallah) la semaine dernière, voici le boycott de facto de la presse française. Qui a dit que le monde était gouverné par la police et les médias? L'article qui suit est disponible gratis pendant quarante-huit heures sur le site Arrêts sur image. On le passe ici in extenso, et il y restera. Je signale également la sortie, chez l'excellent éditeur (par souscription) Les Mutins de Pangée, en association avec Là-bas si j'y suis et les éditions Agone, de Chomsky & Cie, de Daniel Mermet et Olivier Azam, suivi de Chomsky & le pouvoir. Les films sont comme il se doit agrémentés d'une tripotée de bonus.

chomsky

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Chut ! Chomsky est à Paris (par Dan Israël)

L’intellectuel américain «auto-refoulé» par les grands médias, et l’Agence Faut Payer

«Sans doute le plus grand intellectuel vivant», une «star américaine», «aussi attendu que le Dalaï lama». En lisant les articles consacrés par Le Monde Diplomatique ou Rue89 au premier passage à Paris depuis 25 ans du linguiste et philosophe américain Noam Chomsky, on était tenté de croire qu’une telle célébrité avait eu droit à un accueil triomphal dans les médias.

Il n’en a rien été: l’intellectuel radical, connu pour ses critiques de l’impérialisme américain et de l’insidieuse propagande qui s’exerce dans les médias des démocraties occidentales, a eu droit à une seule télé (tardive), quelques présentations de sa pensée, et un étrange reportage du Monde... resté bloqué devant les grilles du Collège de France.

Pas une dépêche de l'Agence Faut Payer, par exemple, n’a cité sa réaction à l’arraisonnement de la «flottille» de soutien à Gaza. Comme une confirmation, au fond, de sa théorie sur «l’auto-refoulement».

Une tournée marathon, organisée sous les prestigieux auspices du Collège de France, du CNRS et du Monde diplomatique.

Du 28 au 31 mai, Noam Chomsky a multiplié les conférences en France. Un pays qu’il n’avait pas visité depuis des dizaines d’années et où, à 81 ans, il pourrait ne pas revenir souvent. Mondialement reconnu pour ses travaux scientifiques, Chomsky était principalement invité pour parler de ses théories de linguistique. Et son apport dans ce champ très précis a été présenté dans certains médias, par exemple Mediapart, par deux articles consacrés à la linguistique et aux «sciences cognitives» (accès payant) ou La recherche.

Mais Chomsky était aussi, et surtout, attendu par de nombreux fidèles pour évoquer sa vision politique du monde. Car comme l'indique Pierre Encrevé dans une interview à Libération présentant le personnage public, le savant est aussi une figure de la gauche radicale américaine: «Il est très important que le plus connu au monde des savants de sciences humaines [américain] prenne position à l’égard de la politique étrangère de son pays»: «Dans les années Bush, il fut le seul intellectuel critique américain qu’on ait un peu entendu. Son livre sur le 11 Septembre a été vendu à des millions d’exemplaires. L’existence d’une gauche très radicale dans les universités américaines a joué un rôle dans la victoire d’Obama. Chomsky en est la pointe la plus visible.»

Et c'est cette facette qu’a longuement exposée Chomsky lors d’une conférence le 29 mai à la Mutualité. Qu’y a-t-il a dit?  Pas trop difficile de le savoir: le Monde diplomatique, co-organisateur de l'événement, a mis en ligne la traduction de sa conférence, ainsi que l’enregistrement sonore de l’intervention et de la séance de questions-réponses qui l’a suivi. Lui aussi impliqué dans l’organisation, et auteur d'un film sur Chomsky, Daniel Mermet, l’animateur de Là-bas si j'y suis sur France Inter, a pour sa part diffusé des extraits de la conférence, suivis d’un entretien avec l’intellectuel.

Rue89 a aussi livré un reportage, captant à la fois l’ambiance lors de cette conférence, et présentant rapidement sa place dans le champ des débats politiques: «Les thèses du professeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) sont peut-être radicales, mais pendant trois heures, son discours restera lent et posé. Pas d'envolées lorsqu’il dénonce le pouvoir de la finance, la propagande médiatique ou la politique étrangère des États-Unis.»

Contre Israël et les médias dominants

Lors de la conférence, le regard critique et acerbe de Chomsky, exprimé sur un ton placide, s’est donc principalement posé sur la politique extérieure des États-Unis, de l’Otan à l’Iran en passant par Cuba, et sur ce qu’il présente comme ses alliés dans son entreprise de domination… Et ce discours, subversif quoique pas très neuf, est resté quasiment cantonné dans la salle. Car les principaux médias, qui ont par exemple tous tendu une oreille plus qu’intéressée à Michel Onfray lorsqu’il lui a pris l’envie de dézinguer Freud, ou lors de la mémorable publication des derniers livres de BHL, sont restés muets dans leur immense majorité sur cette visite. Pourtant, même pour les médias rétifs à un discours classique d’extrême gauche ou hermétiques à la linguistique, il y avait de quoi faire. Et Le Parisien l’a bien compris, en suivant Chomsky parti discrètement à la rencontre d'une poignée de lycéens de Clichy-sous-Bois! Le grand penseur face aux jeunes de banlieue, il y avait de quoi fournir un beau reportage...

Côté télévision, seul Frédéric Taddéi, dans Ce soir (ou jamais !), a relayé le discours de l’intellectuel, en deuxième partie de soirée le 31 mai sur France 3. Et pour cause: l’intellectuel lui a accordé une interview exclusive de plus d'une demi-heure. Tranquillement titré «Le penseur le plus célèbre du monde face à l’actualité», sans doute histoire d’accrocher le chaland tombé par hasard sur ce discours cathodique inhabituel, l'entretien a fait le tour des sujets chers à Chomsky.

Hasard de l'actualité, Chomsky parle au soir de l’arraisonnement par Israël de la «flottille humanitaire». Et il ne manque pas l’occasion: «Ça fait déjà trente ans qu’Israël arraisonne des navires dans les eaux internationales, assassine des gens, les kidnappe, parfois les prend en otage pour les mettre en prison en Israël pendant des dizaines d'années », etc.

Quant à son rapport aux médias, il est finalement peu éloigné de celui du sociologue français Pierre Bourdieu.

Il réitère une rapide analyse de la façon dont le discours politico-économique dominant s’installe dans les médias pour mieux servir les élites (thèse qui est au cœur de son livre sans doute le plus connu en France, La Fabrication du consentement, co-rédigé avec Edward Herman en 1988).

Le Monde aurait lui aussi pu éclairer ses lecteurs sur les théories de Chomsky. Un journaliste du quotidien, Jean Birnbaum, était en effet présent le 29 mai lors de l’intervention de l’intellectuel au Collège de France. Pourtant, pas un mot sur son intervention. Le journal a préféré concentrer son attention sur... la dizaine de personnes qui n’ont pas pu entrer, et attendaient donc en discutant sur le trottoir: «Au moment où la star américaine s’apprêtait à prendre la parole, cela faisait déjà plusieurs heures que l’accès était devenu impossible. Quelques dizaines de personnes se sont retrouvées bloquées devant la vénérable institution où "l'entrée libre" est une longue tradition. (…) Comment expliquer que la conférence d'un penseur anarchiste se trouve ainsi cadenassée?»

Le journaliste qui n’aimait pas les sandwiches

Étrange approche. Soyons honnête, le quotidien précise que «Le Monde des livres reviendra sur la tournée de Noam Chomsky en France dans son édition datée du vendredi 4 juin En attendant, un membre de l’association Acrimed n’a pas digéré cette désinvolture du quotidien du soir, et l'a fait savoir dans une chronique musclée, où il assure que si le journaliste du Monde n’a pas pu suivre la conférence, c’est qu’il s’était absenté pour le repas de midi, snobant les sandwiches mis à disposition de ceux qui assistaient au colloque. Une fois revenu, il aurait trouvé porte close: «Notre journaliste trouva donc les grilles du Collège de France fermées. À cet instant, la panique s’empara de lui: allait-il devoir avouer à son rédacteur en chef qu’il avait raté l’événement du jour – l’intervention de Noam Chomsky – parce qu’il n’aimait pas les sandwiches? C’est alors qu’il raisonna en journaliste avisé: «Je ne peux plus couvrir cet événement? La belle affaire! C’est moi seul, journaliste, qui fabrique l’événement. Je peux en inventer un autre très facilement  il y a là devant le portail quelques dizaines de malchanceux, arrivés trop tard comme moi. Le voilà mon événement.»

Cet article n’est pas non plus passé inaperçu dans la salle de La Mutualité, deux jours plus tard. Lors de la séance de questions, un intervenant a dénoncé le texte (indiquant même que son auteur était dans la salle), et plus généralement le silence des médias français sur le passage de son idole... dont le calme ne s’est pas pour autant démenti. [...]

Le linguiste se déclare absolument pas surpris que les journalistes n’aient pas parlé de lui. Il évoque alors le récent refus d’Israël de le laisser entrer pour une conférence organisée en Cisjordanie: «Le gouvernement israélien n’aime pas la façon dont je parle de lui. Je leur ai dit: «Avez-vous trouvé un seul pays où le gouvernement aime la façon dont je parle de lui?» Il lance ensuite, sous les applaudissements: «Ma venue ici n’a pas été annoncée, mais ça ne vous a pas empêchés de venir!» Comme si ce silence, au fond, ne faisait que confirmer ses théories sur «l’auto-refoulement», cette remarquable capacité à ne pas voir ce qu’on ne veut pas voir, et ne pas entendre ce qu’on ne veut pas entendre. Il ne l’a pas formulé ainsi. Mais il aurait pu.

Par Dan Israel le 1/6/2010

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Commentaires
C
Même problématique chez moi, sans avoir été contacté ni par Canalblog, ni par [Censored]. J'ai compris devant le silence de Canalblog de la situation grâce à ce blog http://balawou.blogspot.com/2010/07/message-lafp-suite-une-notification.html. En gros il suffit que le mot [Censored] apparaît si vous avez fait plusieurs situation de cette célèbre agence fondée en 1944, pour que tout disparaisse, note, commentaire, référencement. Pour du ménage c'est du ménage... Et sur le forum l'on vous dit, nul n'est tenu d'ignorer la loi... De là à prévenir...
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T
t'as raison de re-poster : résiste, prouve que tu existes !<br /> <br /> pauvre bob (siné) il était à l'hosto quand Chomsky est venu à Paris ;(<br /> <br /> http://lazone.sinehebdo.eu/zone-5.html<br /> <br /> heureusement, il va mieux ;)
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S
Quelle histoire insensée !
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L
Décidément, ces pauvres-là manquent d'occupation!!!!<br /> Au Massicot, au massicot!!!!<br /> S.
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