Brillante Mendoza et Boris Lehman chez les rustres
Quand j'étais encore bambin, une blague de collégien circulait dans les couloirs du bahut. « Si vous parcourez Minute, disait-on, pas la peine de lire Sartre, vous aurez à la fois La Nausée et Les Mains sales. » J'ignore si le torche-cul d'extrême droite sévit encore, mais j'ai envie d'appliquer la plaisanterie à deux perles découvertes dans ce qui tient lieu de critique ciné dans deux grands quotidiens bruxellois. Humour nazi et racolage démagogique, on est dans la pensée dominante - confusion, mépris et arrogance de tout petits bourgeois aux fesses plates, balai dans le derche et centre mou. Extraits, sans commentaires.
~
Dans La Libre Belgique, à propos de Serbis, de Brillante Mendoza
[... on s'y ennuie terriblement mais aussi à cause de "l'idée" de Brillante Mendoza qui consiste à surmixer le bruit de la rue, afin de donner au spectateur l'impresion d'etre installé au bord d'une autoroute urbaine, asiatique et klaxonnante. Si Klaus Barbie avait disposé de ce film, on parlerait tous allemand, Jean Moulin aurait craqué. Et heureusement pour les détenus de Guantanamo et d'Abou Grahib, la réputation de Serbis n'a pas dépassé la Croisette. On tremble à l'idée de ce que Donald Rumsfeld en aurait fait. (...)]
~
Dans Le Soir, à propos de Histoire de mes cheveux, de Boris Lehman
[... pendant des scènes d'une longueur infinie, on le regarde manger un yaourt, contempler un paysage, tenter d'apprendre quelques mots de russe, s'enrouler complètement nu dans de la pellicule cinématographique. Comme on le disait, certains y verront sans doute de l'art, puisque Lehman est considéré comme un cinéaste aux frontières du cinéma expérimental, de l'essai cinématographique, du journal filmé et du documentaire. Tant mieux pour eux. Mais on aura beau lui dire qu'il s'agit d'un voyage humoristique (ah bon ?), le commun des mortels n'aura sans doute,n comme nous, qu'une seule envie: prendre ses jambes à son cou en se demandant comment des producteurs ont bien pu mettre de l'argent dans ce projet - on compte parmi eux Arte, la Rtbf, la Communauté française. La seule bonne nouvelle, c'est l'heure de diffusion. A 23h25, il n'y aura heureusement plus grand monde a martyriser.]