Les malheurs de Suzanne
Diderot-Rivette-Karina, le contrepoison.
[Le film fut longtemps interdit, avec l'assentiment coupable d'un ministre des Affaires culturelles nommé André Malraux.]
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«Comme vous êtes le seul gaulliste que je connais, écrit Godard dans une lettre ouverte au ministre, il faut bien que ma colère tombe sur vous. [...] Je suis sûr, cher André Malraux, que vous ne comprendrez définitivement rien à cette lettre où je vous parle pour la dernière fois, submergé de haine. Pas davantage vous ne comprendrez pourquoi dorénavant j'aurai peur aussi de vous serrer la main, même en silence. [...] Rien d'étonnant à ce que vous ne reconnaissiez plus ma voix quand je vous parle, à propos de l'interdiction de Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, d'assassinat. Non. Rien d'étonnant dans cette lâcheté profonde. Vous faites l'autruche avec vos mémoires intérieurs. Comment donc pourriez-vous m'entendre, André Malraux, moi qui vous téléphone de l'extérieur, d'un pays lointain, la France libre ?»
Lettre publiée par Le Nouvel Observateur, 6/4/1966. La signature de Godard est suivie d'un PS/ "Lu et approuvé par François Truffaut, obligé de tourner à Londres, loin de Paris, Fahrenheit 451, température à laquelle brûlent les livres."