Si l’on s’en tient à la dimension calendaire, le « gros morceau » de la carrière dans le X de Brigitte Lahaie, ne dura pas plus de trois ans (77-80). Ce n’est pas pour autant que, poursuivant ses efforts dans un cinéma dit « plus traditionnel » (mais peut-on décemment considérer un film comme Te Marre Pas, C’est Pour Rire (1982, avec Aldo Maccione et... Chantal Nobel) comme parfaitement « traditionnel » ?), lui fut permis de passer un chandail: Non, Bribri, garde donc les seins à l’air qu’on te reconnaisse (et qu’on t’en soit reconnaissant). Ainsi, même le bien peu grivois Henri Verneuil (dans I… Comme Icare) ne fera pas l’économie d’un plan mammairesquement identifiable, une fois la pauvresse tragiquement pendue, sans qu'Yves Montand ait pu faire quoi que ce soit pour la sauver.<br />
Nulle surprise dés lors à considérer qu’un monsieur comme Jean Rollin, qui fit tourner à la blonde du Nord l’un de ses tous premiers films X* (la même année qui vit Jean-François Davy et Jean-Marc Pallardy, deux autres prototypes d’ « intellos du cul », l’employer également), se souvienne donc de la jeune Van Meerhaegue pour incarner nombre de succubes et autres vampires, saphiques le plus souvent, dans certaines de ses productions (enfin celles de Joe de Palmer**, producteur et réalisateur du Poker Partouze urophile de Catherine Ringer (1981)***) ayant un mal de chien à comprendre qu’une actrice de X n’est pas «nécessairement» une pute ****!).<br />
Rollin, l’un des premiers français à, sur les pas évidents d’un Franju, proposer une idée française de cinéma fantastique (il est au réalisateur du Sang des Bêtes ce qu'Ed Wood était à Orson Welles, pourrait-on dire), emprunt d’une certaine poésie et souvent relié à un (sommaire) tableau social (ses Raisins de la Mort sont ainsi une manière de brûlot écologique) se montre ici sans doute à son meilleur (le jeu est moins approximatif qu’à l’accoutumée(même si l’ingénuité souhaitée des jeunes filles dans la première moitié, tout en « dodelinement d’épaules » et regards « par en dessous », frise un ridicule certain) et l’atmosphère mieux campée (épatants plans inauguraux, qu’on perd hélas par la suite), et confirme son chic pour rassembler des demoiselles autant assoiffées de lucre que de gamètes (ici à la « manière » Barthory) dans des manoirs ou châteaux (procédé repris au X ?) qui s’offrent comme autant de tombeaux pour le visiteur qui ne manque jamais de succomber, d’une manière ou d’une autre (souvent les deux !).<br />
Toujours à mi-chemin entre une discrète exploitation (nubilesploitation ? horror softies ?) héritée des premières (et plus agressives) heures du gore HGLewisien, et une possible prétention auteurisante soixantehuitarde, le réalisateur a toujours été synonyme de pourvoyeur stakhanoviste (le rythme X ?) en nanars ennuyeux pour certains et de poète érotico-surréaliste pour les autres (souvent hors hexagone !). Fascination ne rassemblera pas les deux écoles.<br />
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* Vibrations Sexuelles, 1976.<br />
** Présent à l’écran, dans le rôle d’un des « apaches ».<br />
*** Mais aussi des peu équivoques Défonce-Moi Chéri (1982),<br />
Ma Culotte Est Mouillée ou Bourre-Moi le Cul (1983 pour les deux, riche année !)<br />
**** Brigitte devra maintes fois le repousser d’autorité !