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le vieux monde qui n'en finit pas
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22 mars 2011

Dictée : « Les cantonales, vues d'ici »

 « La belle saison fut lente à venir. Un temps clair et glacial marqua les dernières semaines de carême. Si le soleil amenait pendant la journée un certain dégel, un froid de sept degrés sévissait pendant la nuit, et la gelée formait sur la neige une croûte si dure qu’il n’y avait plus de routes tracées. Le jour de Pâques se passa sous la neige. Mais le lendemain, un vent chaud se leva brusquement, les nuages s’amoncelèrent, et pendant trois jours et trois nuits une pluie tiède et orageuse ne cessa de tomber. Le jeudi, le vent se calma tandis qu’un épais brouillard gris s’étendait sur la terre comme pour dissimuler les mystères qui s’accomplissaient dans la nature: la chute de la pluie, la fonte des neiges, le craquement des glaçons, la débâcle des torrents écumeux et jaunâtres. Enfin, le lundi de Quasimodo, vers le soir, le brouillard se dissipa, les nuages se diluèrent en moutons blancs, et le beau temps apparut pour de vrai. Le lendemain matin, un soleil brillant acheva de fondre la légère couche de glace qui s’était reformée pendant la nuit et l’air tiède s’imprégna des vapeurs qui montaient de la terre. L’herbe ancienne prit aussitôt des teintes vertes, la nouvelle pointa dans le sol, les bourgeons des viornes, des groseilliers, des bouleaux, se gonflèrent de sève et, sur les branches des osiers inondées d’une lumière d’or, les abeilles, libérées de leurs quartiers d’hiver, bourdonnèrent allègrement. D’invisibles alouettes firent éclater leur chant au-dessus du velours des prés et des chaumes engivrés, les vanneaux gémirent dans les creux et les marais submergés par les eaux torrentielles; les grues et les oies sauvages jetèrent, haut dans le ciel, leur appel printanier. Les vaches, dont le poil ne repoussait qu’irrégulièrement et montrait çà et là des places nues, meuglèrent dans les pacages; autour des brebis bêlantes qui commençaient à perdre leur toison, les agneaux gambadèrent gauchement; les gamins couraient le long des sentiers humides, où s’imprimait la trace de leurs pieds nus; le caquetage des femmes occupées a blanchir leur toile s’éleva autour de l’étang, tandis que de toutes parts retentissait la hache des paysans réparant herses et araires. Le printemps était vraiment venu. »

~

chomeurdeclo

Maria Mauban, Fernandel, dans Le Chômeur de Clochemerle

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Commentaires
G
Ponctuation: je vous fais confiance, le ";", ce signe que Cavanna hait impulvisement (et injustement) serait-il d'ailleurs voué à l'énumération seule? Je ne fis que tenir ceci pour acquis avec une goutte de mauvaise foi, par souci de dialectique, oeuf de course. Marquer une pause avec un degré de ralentissement compris entre celui du "," et celui du "." paraît en être un emploi justifié. Vous devriez donc avoir raison à 99,99%, ce qui me laisse dans les choux, sur les genoux, le nez dans les cailloux.<br /> Livre: Clochemerle-Babylone (et merci IMDB, vu que moi, Chevallier, je connais pas trop).<br /> Maria Mauban: Maria Mauban.
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P
Tsss ! Ce n'est pas Ginette Leclerc qu'on voit sur la photo mais une autre actrice du film, Maria Mauban (qui, soit dit en passant, ne lui ressemble pas davantage que Fernandel ne ressemble à Jean-Claude Rémoleux).
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P
Non, Gashade, l'auteur n'a pas fait de faute de ponctuation. Il avait toute liberté de mettre une simple virgule après "engivrés" puis un point-virgule après "torrentielles" : ce n'est pas du tout une énumération. Il sépare deux actions simultanées par une simple virgule, et il indique une pause (plus importante qu'une virgule mais moins forte qu'un point) avant d'en décrire une troisième. Rien à redire sur le plan grammatical, ni sur le plan stylistique. D'ailleurs, plus bas, quand il procède à une véritable énumération, c'est le point-virgule qu'il utilise. C'est du français impeccable - quoique fâcheusement appliqué, un peu scolaire.<br /> Au fait, serait-ce un texte de Gabriel Chevalier ? La photo provient d'un film (superbe et méconnu) de Jean Boyer tiré d'un de ses romans, "Le Chômeur de Clochemerle" (ça, c'était le titre du film ; j'ai oublié celui du livre, qui était différent).
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D
http://www.dailymotion.com/video/xnkio_greta-garbo-anna-karenine-1935_shortfilms<br /> <br /> « Là, se dit-elle, regardant l’ombre projetée par le wagon sur le sable mêlé de charbon qui recouvrait les traverses, là, au milieu, il sera puni, et je serai délivrée de tous et de moi-même. »<br /> Son petit sac rouge, qu’elle eut quelque peine à détacher de son bras, lui fit manquer le moment de se jeter sous le premier wagon ; elle attendit le second. Un sentiment semblable à celui qu’elle éprouvait jadis avant de faire un plongeon dans la rivière, s’empara d’elle, et elle fit un signe de croix. Ce geste familier réveilla dans son âme une foule de souvenirs de jeunesse et d’enfance ; la vie avec ses joies fugitives brilla un moment devant elle ; mais elle ne quitta pas des yeux le wagon, et lorsque le milieu, entre les deux roues, apparut, elle rejeta son sac, rentra sa tête dans ses épaules et, les mains en avant, se jeta sur les genoux sous le wagon, comme prête à se relever. Elle eut le temps d’avoir peur. « Où suis-je ? pourquoi ? » pensa-t-elle, faisant effort pour se rejeter en arrière ; mais une masse énorme, inflexible, la frappa sur la tête, et l’entraîna par le dos. « Seigneur, pardonne-moi ! » murmura-t-elle sentant l’inutilité de la lutte. Un petit moujik, marmottant dans sa barbe, se pencha du marchepied du wagon sur la voie. Et la lumière, qui pour l’infortunée avait éclairé le livre de la vie, avec ses tourments, ses trahisons et ses douleurs, déchirant les ténèbres, brilla d’un éclat plus vif, vacilla et s’éteignit pour toujours."
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S
Tu peux me dire qui est l'auteur de ce texte ? Merci.<br /> On y reconnaît effectivement le style de nos dictées d'enfance (en France !)
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