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le vieux monde qui n'en finit pas
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3 juillet 2011

Hellman, Beckett, Abbott et Costello

sympathy for the devil

« En attendant Godot est sans doute la plus grande pièce du XXe siècle. [...] Après l’avoir lue, j’ai créé ma propre compagnie et décidé de la mettre en scène. Notre mise en scène était la première à Los Angeles et la cinquième dans le monde après Paris, Londres, New York et San Francisco. Je n’en suis pas sûr, mais je crois que j’avais vu celle de San Francisco : très mauvaise. J’avais également vu quelques scènes de la production new-yorkaise à la télévision. Il manquait à l’une comme à l’autre, à mon avis, d’avoir compris que la pièce était une comédie. Mon modèle pour la mise en scène était Abbott et Costello, et particulièrement un de leurs sketches intitulé Who’s on First ? Pour moi, Who’s on First ? c’est En attendant Godot. Je pense que Beckett a été influencé par Abbott et Costello.

Who’s on First ?[demande l’interviouveur]

C’est un sketch composé de dialogues sans queue ni tête portant sur la confusion et le double sens des mots et des noms. C’est moins le contenu que le style de l’échange entre Abbott et Costello que Beckett a incorporé dans En attendant Godot. Il est clair, au moins pour moi, qu’il connaissait ce sketch – ou peut-être des spectacles de vaudeville antérieurs. Un dialogue comme Who’s on First a forcément des antécédents. »

Monte Hellman, Sympathy for the Devil [entretien avec Emmanuel Burdeau], Capricci 2011

~

Recommandons bien entendu la lecture de ce livre d'entretien, riche d'informations parfois inédites (voir la kyrielle de projets avortés, inaboutis ou inachevés de Monte) et de points de vue rentre-dedans, comme cette hypothèse aussi drôle que convaincante sur l'influence qu'ont exercée les immenses Bud et Lou sur le Samuel Beckett d'En attendant Godot.

[Regrettons au passage que le distributeur-éditeur Capricci reproduise de manière aussi crade les documents photographiques, souvent beaux et rares, qui lui ont été confiés et - dans le registre "chaussettes sales" de la distribution - qu'il n'ait pas soutenu Road to Nowhere lors de sa sortie en salles, comme c'était son devoir de le faire. On dira que c'est là toute l'histoire de la vie de Monte Hellman et de ses rapports au business.]

On trouvera ci-dessous une des multiples versions du fameux dialogue des Vladimir et Estragon du burlesque américain. J'y joins une retranscription du texte de base. La page Wikipedia en français [ CLIC ] fournit quelques indications utiles, dont la liste des joueurs de l'équipe (Qui, Quoi, Jenesaispas, Pourquoi, Parceque, Demain, Aujourd'hui, Jem'enfous).

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Commentaires
B
Tatum, mon petit loulou adoré, ta modestie t'honore mais risque de te perdre.<br /> Puisque tu ne le fais pas toi-même, heureusement que je suis là pour rappeler que le livre (que je n'ai pas encore lu) de ce monsieur Burdeau, nonobstant ce qu'on trouve affirmé çà et là, n'est pas du tout le première ouvrage consacré en France à Monte Hellman. Un autre existe, en effet, depuis belle lurette déjà - et il est excellent : il s'intitule en toute sobriété MONTE HELLMAN, il a été copublié par le festival d'Amiens et les éditions Yellow Now, il date de 1988, il est agrémenté d'une préface signée Martin Landau (excusez du peu !) et il a pour auteur un certain Charles Tatum, Jr doté à la fois, permettez-moi de le dire, d'une plume élégante et d'un sens aigu de l'analyse. <br /> Ce fut, si jeune Mabuse (comme disait Fritz Lang), le tout premier bouquin consacré quelque part dans le monde à l'auteur de MACADAM A DEUX VOIES. Ce n'était pas là son moindre mérite.
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J
Quand on pense qu'il y a encore des critiques et des historiens assez bouchés pour considérer Abbott et Costello comme des comiques de seconde zone, ça donne envie de distribuer des baffes !<br /> On ne le dira jamais assez : Bud Abbott (le grand mince) et Lou Costello (le petit rondouillard) sont d'une drôlerie extrême, et leurs films sont souvent excellents (à commencer, bien sûr, par le brillantissime ABBOTT AND COSTELLO MEET FRANKENSTEIN de Charles T. Barton).<br /> L'influence que Costello a exercée sur Jerry Lewis est manifeste : Jerry lui a piqué plein d'expressions, de mimiques, de grimaces, de gestes.<br /> Je suis un tantinet plus sceptique, dois-je avouer malgré toute la vive sympathie que m'inspire Monte Hellman, en ce qui concerne l'influence du tandem (et plus précisément de "Who's on first ?") sur Samuel Beckett. Archétype de l'écrivain intello (quel qu'ait été son humour), l'auteur de MOLLOY n'avait, crois-je bien, jamais fichu un orteil en Amérique quand il a rédigé EN ATTENDANT GODOT. Il ne connaissait guère que Dublin (où il était né) et Paris (où il s'était fixé), et il est évident qu'il s'intéressait bien davantage à Dante, à Goethe, à James Joyce et à André Breton qu'à la culture populaire américaine. Abbott et Costello ? Je ne suis même pas qu'il ait connu leur existence. Mais bon... on ne sait jamais, isn't it ?
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