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10 avril 2012

Mermet, Arkema : mourons français

pièces et main d'oeuvre fait circuler ceci

~

"Réindustrialisons" : quand Là-bas si j’y suis" défend le cancer français

vendredi 6 avril 2012 par Pièces et main d’œuvre

En campagne pour Jean-Luc Mélenchon, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter diffusait, mercredi 4 et jeudi 5 avril 2012, un reportage de François Ruffin intitulé "Arkema et les vautours". Où l’on apprend que le premier groupe chimique français s’apprête à céder, pour un euro symbolique, son "pôle vinylique" et les 2000 salariés qui vont avec, à un financier américain. Et François Ruffin d’accompagner les syndicalistes d’Arkema dans les QG de campagne des candidats à la présidentielle pour les "interpeller" sur ce scandale économique, et pour défendre l’idée en vogue dans cette campagne: la réindustrialisation de la France.

Pas un mot, durant ces deux émissions, sur l’activité du pôle vinylique d’Arkema et sur cette production qu’il s’agit de maintenir française. L’emploi n’a pas d’odeur, pas même celle du chlore qui sert à produire le chlorure de vinyle. Le chlorure de vinyle? C’est un message, laissé sur le répondeur de l’émission ce jeudi 6 avril, qui renseigne l’auditoire:

« Merci à François Ruffin pour ce reportage intéressant, mais il me semble utile d’ajouter un complément d’information, pour préciser ce que fabrique le pôle vinylique d’Arkema. Celui-ci produit du chlorure de vinyle, connu par le grand public sous le nom de PVC. Le PVC est un produit classé cancérigène par l’Union européenne et par le Centre international de recherche sur le cancer. Il est notamment en cause dans l’apparition de cancers du foie. Il présente aussi des caractères mutagènes et reprotoxiques. Ceci concerne bien sûr les travailleurs des usines chimiques, dont beaucoup, en France ou aux Etats-Unis notamment, souffrent de cancer du foie, mais aussi tous ceux qui sont exposés à la pollution, entre autres par l’eau de boisson, à cause des déchets du PVC. On peut lire à ce sujet la note éditée par l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) sur le chlorure de vinyle.

Le PVC est souvent associé aux phtalates pour rendre le plastique souple – pour les jouets ou nombre de produits de consommation courante. Les phtalates sont cancérigènes, mutagènes et responsables d’anomalies de la reproduction masculine.

Enfin l’incinération du PVC génère des dioxines, qui rendent malades et tuent les voisins des incinérateurs, comme à Gilly-sur-Isère en Savoie, ou près de Besançon – y compris avec des incinérateurs de nouvelle génération. C’est cela, aussi, que défendent les salariés d’Arkema, et qui n’était pas mentionné dans le reportage. »

Ayant diffusé ce message à l’antenne, Daniel Mermet juge utile de le faire suivre d’un autre message d’auditeur qui vante, lui, "le savoir-faire et la dignité" de ces ouvriers menacés de délocalisation. Le producteur enchaîne sur "l’essentiel, l’essentiel (rire), qui est évidemment l’emploi et le chômage et la destruction de l’industrie dans ce pays, la désindustrialisation qui (…) est l’essentiel dans cette campagne".

Bref, produisons des cancers français. Pour l’emploi, produisons du nucléaire français, des OGM français, des pesticides français, des nanotechnologies françaises. Ça tombe bien, Arkema est leader dans la fabrication des nanotubes de carbone, sous la marque GraphiStrength, avec son unité de production des Pyrénées-Atlantiques d’une capacité de 400 tonnes par an. Les nanotubes de carbone sont ces nanoparticules dont les effets sur les poumons rappellent ceux de l’amiante. Mais pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, "l’essentiel, c’est l’emploi", autrement dit: "Nos emplois valent plus que nos vies".

C’est ça, leur prétendue "planification écologique". Quant à nous, libertaires et luddites, nous disons: brisons les machines à produire le cancer.


Pièces et main d’œuvre / Grenoble, le 6 avril 2012

logo-arkema

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Commentaires
F
Bonjour Charles,<br /> <br /> <br /> <br /> J'apprécie beaucoup ton blog qui regorge de merveilles, riche et de qualité. Je m'en sens proche idéologiquement.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.fakirpresse.info/Reponse-a-nos-camarades-de-Pieces.html<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà la réponse de Ruffin qui, je trouve, tient bien la route. La critique de PMO est certes pertinente mais c'est vrai aussi qu'elle est arrogante. Et ça, ça ne va pas. On ne construira pas un vrai changement sur cette foutue planète en prenant les gens pour des cons. Même si on peut, à raison penser qu'ils se trompent, ça n'est pas en construisant encore plus de la division et du mépris qu'on y arrivera, mais en instaurant systématiquement du débat constructif et du vrai. C'est justement ce qui devrait nous différencier de cette droite puante qui méprise et pue la haine de l'autre. Nous devons pouvoir nous parler et avancer ensemble, entre gens qui en sont capables.<br /> <br /> Anars nous vivons aussi, évidemment avec nos contradictions, (voir la pub... pour le grand capital ;-) très présente sur ce blog). Regardons aussi les poutres que nous avons dans les yeux.<br /> <br /> Nos idées sont belles, généreuses et puissantes, ce n'est pas en les isolant et en les couvrant d'un voile de pureté que nous les ferons vivre au grand jour. Mais bien, en les confrontant, à ceux, qui pour moi, ne sont pas des ennemis.<br /> <br /> ===========================================<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Suite à deux émissions de « Là-bas si j’y suis » (disponibles ici) sur « les vautours de Arkema », résumées dans l’article de Fakir ici, les militants grenoblois de Pièces et Main d’œuvre ont publié des papiers fort critiques sur leur site. En gros, d’après eux, nous défendrions le cancer français : « nos emplois valent plus que nos vies ».<br /> <br /> On y répond ici. Avec des questions, aussi, à ces militants « libertaires et luddites ».<br /> <br /> <br /> <br /> Chers Yannick et Ségo, chers camarades de PMO,<br /> <br /> <br /> <br /> Vous venez de publier sur votre site deux papiers dans votre style, qui relèvent plus de l’oukase que du débat, une excommunication jetée depuis les sommets alpestres. Mais bon, malgré votre ton de procureur, je vais faire comme si la discussion était ouverte.<br /> <br /> Pourquoi ?<br /> <br /> Parce que vos textes posent des questions justes, même s’ils y répondent de façon (à mon avis) injuste. Des questions à la gauche de gauche, sur l’alliance du rouge et du vert. Mais aussi des questions aux « libertaires » et aux « luddites » – au nom de qui vous signez – sur votre rapport au peuple.<br /> <br /> <br /> <br /> D’abord, je vais faire amende honorable.<br /> <br /> En effet, au cours de mon reportage, je me suis trop peu interrogé – et j’ai trop peu interrogé – sur le caractère nocif du PVC. Contrairement à ce que vous affirmez – mais ne chipotons pas – j’ai bien posé la question à la fois aux syndicalistes et à Martine Billard sur ces pollutions, mais je m’étais trop peu documenté en amont pour soutenir une controverse.<br /> <br /> C’est une carence que j’admets (et je sais combien, dans votre carrière, puisque vous êtes d’anciens journalistes, vous avez quotidiennement atteint la perfection).<br /> <br /> Mais voilà que de ce défaut, soit, vous tirez des conclusions générales sur « les syndicalistes », « les partisans du Front de Gauche » et « Là-bas si j’y suis », pour qui, tous, indifféremment, « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit des millions de personnes qui penseraient indifféremment : « Nos emplois valent plus que nos vies ».<br /> <br /> C’est du grand n’importe quoi.<br /> <br /> Le cas Arkema<br /> <br /> <br /> <br /> Pour quelles raisons Arkema souhaite se débarrasser de son pôle vinylique ?<br /> <br /> Parce qu’il y a, en Europe, une élévation des normes environnementales – qui rend plus coûteuse la production de PVC ici.<br /> <br /> Or, qu’en disent les cégétistes – d’un excellent niveau – que j’ai interrogés ? Déplorent-ils ces normes ? Réclament-ils qu’on se soucie moins d’écologie ?<br /> <br /> Au contraire : ils approuvent. Ils se félicitent, à la fois pour les salariés et pour les populations, que leurs industries soient mieux encadrées, des rejets interdits, le recyclage imposé, etc.<br /> <br /> Alors que dans d’autres boîtes, en effet, ça arrive, les délégués se solidarisent avec le patronat – et militent pour le dumping environnemental.<br /> <br /> Là pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais si ces dix usines devaient finalement fermer, quelles en seraient les conséquences ? La sauvegarde de l’environnement ? Une moindre pollution ?<br /> <br /> La fin des cancers – comme vous l’annoncez ?<br /> <br /> J’en doute. On assistera, c’est probable, à un simple « déplacement d’activités », comme dans tant d’autres secteurs, comme pour les tanneries, comme pour le recyclage des déchets informatiques, et cette industrie se réfugiera sous des cieux plus cléments pour les rejets toxiques, en Chine ou ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> C’est à ce dessein que, dans un premier temps, immédiatement, concrètement, il s’agit de s’opposer. Car voilà qui produirait non pas du mieux, mais du pire. Même si cette opposition, ce simple maintien de l’ordre existant, ne constitue pas, et vous avez raison, un projet politique – ni écologique ni social : la « défense de l’emploi » n’a rien d’une offensive…<br /> <br /> <br /> <br /> À chacun de mes débats, la remarque revient : « Vous citez les Continental, les Goodyear, mais tant mieux si les usines de pneus ferment ! »<br /> <br /> Sauf qu’elles ne ferment pas pour de bonnes raisons : la consommation de pneumatiques n’a (malheureusement) pas diminué durant la dernière décennie, ni en France ni dans le monde, la voiture individuelle n’a (malheureusement) pas décliné au profit des transports collectifs. Juste que la production de pneus coûtera moins cher aux multinationales en Roumanie (pour les Contis) ou en Russie (pour Goodyear) – à la fois grâce au coût du travail diminué et aux moindres contrôles de l’administration.<br /> <br /> (J’ai volontairement dévié du PVC au pneumatique parce que je connais mieux ce marché. Mais je vais me renseigner sur le premier, je vous promets.)<br /> <br /> <br /> <br /> Si nous souhaitons que moins – ou pas du tout – de PVC soit consommé, moins – ou pas du tout – de pneumatiques soit produit, moins – ou pas du tout – de pesticides soit utilisés, pourquoi pas. Mais c’est à nous d’en décider ensemble, et de l’organiser – avec les scientifiques, les citoyens, les travailleurs.<br /> <br /> Ces décisions, nous ne devons pas les laisser entre les mains des financiers. Nous ne devons pas déléguer de futurs plans sociaux, l’avenir de milliers de familles, à des vautours qui volent entre Malte et Jersey. À moins que les « libertaires luddites » ne croient que les Klesch et compagnie agissent pour le bien commun.<br /> <br /> Mon cas<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis partisan de la décroissance.<br /> <br /> J’abhorre la société de consommation.<br /> <br /> Je n’ai guère une fibre productiviste – pour des raisons écologiques, mais aussi sociales : qui aurait pour idéal le taylorisme, la vie à la chaîne ? Des 3*8, les usines passent maintenant aux 4*8, brisant tout rythme, du sommeil, de la famille, des week-ends, etc.<br /> <br /> Et dans mon monde idéal, j’éliminerai bon nombre de « saloperies ».<br /> <br /> Voilà ma position de principe.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, la pratique.<br /> <br /> Adolescent, je pondais des textes rebelles dans une superbe solitude. Il fallait détruire le système : la télé, la bagnole, le tourisme, la pub, les supermarchés, les élevages en batteries. Mais j’étais entouré de « cons », de « moutons », de « beaufs », etc.<br /> <br /> Ma radicalité verbale était magnifique.<br /> <br /> C’est un peu la posture, j’y reviendrai, que je retrouve dans votre prose.<br /> <br /> <br /> <br /> Je vais vous dire ma conviction.<br /> <br /> Nous devons agir en deux temps : aux classes populaires, il faut garantir cette base : la Sécurité sociale (au sens large), l’assurance d’une vie stable pour eux et leurs enfants, éloigner « l’épée de Damoclès » comme me le disait encore un employé du textile le mois dernier : « On a peur, on vit dans la peur », poursuivait-il, témoignage d’un avenir non-maîtrisé. Aucune espérance, aucune transformation positive, ne peut se fonder sur cette « peur ». C’est un étau mental à desserrer.<br /> <br /> Une fois ces fondations posées, alors, ensemble, prolétariat et petite-bourgeoisie (vous et moi), c’est toute une société que nous avons à repenser : la production, la consommation, la démocratie, etc.<br /> <br /> Mais, de mon point de vue, on ne construira pas le second étage de la fusée sans le premier.<br /> <br /> <br /> <br /> J’ai fait le choix – cela fait treize ans, déjà – de sortir de mon isolement de (tout petit) intellectuel. De m’extirper de mon milieu idéologique, d’aller à la rencontre des habitants de ma ville, puis de mon pays – pour sentir avec qui, malgré des divergences, malgré des différences, malgré des insuffisances, je peux lutter, avancer, même d’un pas, sur ce chemin.<br /> <br /> Car à l’évidence, un projet de transformation sociale doit s’appuyer sur des forces sociales.<br /> <br /> <br /> <br /> Dès lors, quant à la question qui nous préoccupe : comment agir, avec qui, pour que la rupture écologique se fasse non pas contre notre peuple, mais avec lui ? Comment faire pour que les ouvriers, déjà frappés par trente années de mondialisation, de délocalisations, ne perçoivent pas cet impératif – sauver la planète, et donc produire moins pour consommer moins – comme une nouvelle menace ? Comment entraîner des pans de la société avec nous, concilier le rouge et le vert, la justice sociale et le progrès environnemental ?<br /> <br /> Votre cas<br /> <br /> <br /> <br /> Vous vous désignez comme « luddites » – et en effet, vous avez beaucoup œuvré pour raviver la mémoire de ce courant (des tondeurs et tricoteurs qui, au XIXème siècle, brisaient les machines, au Royaume-Uni notamment mais également en France – des lecteurs peuvent l’ignorer). Spirituellement, peut-être en êtes-vous les héritiers. En revanche, socialement, vous revendiquer comme « luddites » relève en partie de l’imposture, de l’escroquerie : ce luddisme était un mouvement de travailleurs. Et non d’une poignée d’intellectuels.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce n’est pas un crime, évidemment, d’être des intellectuels.<br /> <br /> Ce n’est pas une honte que d’être une poignée.<br /> <br /> Mais lorsqu’on se prétend ainsi les descendants – je le répète – d’un mouvement de travailleurs, l’absence de liens avec ces mêmes travailleurs, tout de même, pose problème, non ?<br /> <br /> Or, à vous lire, vous faites tranquillement sans les travailleurs. Et vous seriez bien prêts à faire contre les travailleurs, contre leur volonté.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans votre second texte, que répondez-vous à ce prolo qui s’indigne de vos écrits (à lire ici) ? Qu’il faudrait que lui et ses camarades suivent votre modèle christique, qu’ils acceptent « une vie entière volontairement sous le seuil de pauvreté », qu’ils renoncent (entre autres) à faire des enfants, bref, qu’ils procèdent à un suicide social collectif.<br /> <br /> Est-ce ainsi que vous comptez mettre en branle des forces sociales ?<br /> <br /> Ce renoncement volontaire a d’autant moins de chances de se produire, par choix et dans la joie, que vous le réclamez à un groupe déjà socialement laminé depuis trente ans – quant aux effectifs, quant au taux de chômage, et même quant aux revenus.<br /> <br /> Avec ce programme ébouriffant, dans combien d’usines avez-vous créé une section « luddite » ? Dans combien de sections syndicales avez-vous fait avancer vos idées ? Les « luddites » du XIXème vivaient parmi leurs frères humains, pensaient et agissaient à leurs côtés.<br /> <br /> <br /> <br /> À la place, vous voilà tels de magnifiques prophètes, seuls sur votre colline, drapés dans votre pureté, décochant vos flèches sur cette fange humaine qui, dans la vallée boueuse, enlisée dans la tourbe du quotidien, ne suit pas le chemin lumineux que vous lui désignez. Et nous voilà, oui, nous qui sommes empêtrés dans des contradictions, nous qui tentons de les résoudre, nous qui, contre l’Argent-roi, nous battons, déjà, pour nous réapproprier un peu notre destin commun, nous voilà tous – journalistes dissidents, syndicalistes, militants du Front de gauche – nous voilà tous jetés dans une même opprobre :<br /> <br /> <br /> <br /> « Pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, ‘l’essentiel, c’est l’emploi’, autrement dit : ‘Nos emplois valent plus que nos vies’. »<br /> <br /> <br /> <br /> Ou encore :<br /> <br /> <br /> <br /> « On n’étonnera non plus personne – ni eux-mêmes - en rappelant que le Parti communiste, le Parti de gauche, la CGT et Là-bas si j’y suis soutiennent le parti de l’industrie et de l’emploi à tout prix. »<br /> <br /> <br /> <br /> Personnellement, vous m’étonnez.<br /> <br /> Ce n’est pas seulement une erreur factuelle.<br /> <br /> C’est aussi une faute stratégique.<br /> <br /> Car il faut de l’aveuglement, ou de la mauvaise foi, pour ignorer que, aujourd’hui, sur ces questions (et sur bien d’autres !), dans la gauche de gauche, aucune doctrine n’est gravée dans le marbre. Des points de vue se confrontent, à l’intérieur même des individus. C’est comme un immense creuset, où chacun apporte ses idées contradictoires, où se mêlent bien des tendances, où s’opposent des sensibilités, où nul rapport du dernier Comité central ne vaut parole d’évangiles, où aucune ligne n’est figée, où demeurent bien des ambiguïtés, des débats non tranchés – et qui mettront sans doute quelques années à l’être.<br /> <br /> <br /> <br /> Face à ce bordel-là, vous dites : « Regardez les productivistes à l’ancienne ! Ils se déguisent, mais pour eux, l’écologie n’est qu’un masque, etc. »<br /> <br /> Plutôt que d’ensemencer un mouvement, plutôt que de le féconder avec vos idées, plutôt que de le pousser un pas en avant, plutôt que de batailler aux côtés de camarades, vous préférez vous tenir au-dessus de cette masse, de nous, pauvres hommes et femmes de bonne volonté, et nous assommer de votre mépris.<br /> <br /> <br /> <br /> C’est regrettable pour nous – parce que je reconnais les apports de vos critiques.<br /> <br /> C’est regrettable également pour vous – parce que dans les temps présents, vous avez un autre rôle à jouer que celui d’ermites criant dans le désert, gardiens d’un temple de la Pensée Juste.<br /> <br /> C’est regrettable, surtout, pour les jeunes libertaires – auprès de qui compte votre prose, et qui pourraient adopter cette pose prophétique et, il me semble, un rien aigrie.<br /> <br /> Le cas Kriegel<br /> <br /> <br /> <br /> Dirigeant de la Résistance, député communiste à la Libération, exclu du Parti pour anti-stalinisme, Maurice Kriegel-Valrimont me racontait son mai 68. Il regrettait, notamment, que les militants cocos aient fait barrage pour que les étudiants gauchistes n’aillent pas discuter avec les ouvriers :<br /> <br /> <br /> <br /> « Malheureusement, ces crétins [les dirigeants communistes] ont empêché les jeunes d’aller dans les usines, ces crétins ont empêché que sur ce plan la jonction se fasse et que, dans une certaine mesure, les attitudes verbales de Cohn-Bendit soient corrigées par la vie. C’était un sectarisme radicalement imbécile. Ça veut dire que cette politique-là a littéralement stérilisé plusieurs générations. C’est ça la réalité, hélas hélas hélas. »<br /> <br /> <br /> <br /> Si je vous adresse cette trop longue lettre, c’est sans doute pour ça, un peu.<br /> <br /> Parce que je ne souhaite pas que vous soyez, à votre tour, les « crétins » qui empêchent que « la jonction se fasse » – alors qu’elle peut être tentée, au moins. Parce qu’il ne faudrait pas que vous « stérilisiez » un pan intelligent, volontaire, engagé, de notre génération. Et que les libertaires, plutôt que d’épouser et de guider (un peu) les aspirations populaires, se replient dans le « sectarisme », dans des « attitudes verbales », avec des prises de position aussi autoritaires, aussi dogmatiques, que les technocrates que vous dénoncez.<br /> <br /> Vos ancêtres luddites, une fois vaincus par une armée immense, ne se sont pas recroquevillés en un groupuscule : en Grande-Bretagne, ils ont essaimé, donné naissance au chartisme, nourri un mouvement à la fois syndical et politique (j’ai moi aussi La Formation de la classe ouvrière anglaise au XIXème siècle, par Thomson, pour livre de chevet).<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part, et pour en revenir au sujet initial, je prévoyais un dossier de Fakir, cet été, sur « Rouge et vert, c’est possible ? »<br /> <br /> Suite à vos remarques, j’ouvrirai ces pages, je pense, avec le cas Arkema – après avoir étudié sérieusement, cette fois-ci, le marché du PVC, les projets industriels, potassé les rapports, après en avoir discuté avec le chercheur qui a adressé ce message à Mermet, avec les syndicalistes, avec les militants écolos, avec les « planificateurs écologiques » du Front de Gauche, avec vous éventuellement – si vous l’acceptez. Peut-être même que j’organiserai une table ronde.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous sommes bien conscients, grand nombre de militants, d’être dans une impasse, même si le demi-tour n’a rien d’évident.<br /> <br /> <br /> <br /> Je signe en mon seul nom – parce que Fakir, là aussi, est traversé par des diverses sensibilités. Et que je ne dispose d’aucune délégation de pouvoir.<br /> <br /> <br /> <br /> Fraternellement,<br /> <br /> <br /> <br /> François Ruffin.
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N
Et comme il fallait s'y attendre: ça tourne comme une bonne manivelle:<br /> <br /> http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/article-mermet-arkema-mourons-fran-ais-presente-par-charles-tatum-pieces-et-main-d-oeuvre-103176135.html
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N
Et ce sont généralement les mêmes qui nous demandent de "soutenir la juste lutte des travailleurs de l'armement", de l'aéronautique civile et militaire, de la bagnole, des équipements de chantiers qui serviront à réaliser autant de monstrueuses conneries telles les tunnels du somport, des centrales nucléaires pré-démolies, des forages en vue d'exploiter le gaz de schiste,des usines à gadgets surproduisant des produits d'aucune espèce d'intérêt autre que leurs nuisance, leur nocivité puissante, des routes et des voies ferroviaires destinées à accroitre la circulation de ces mêmes marchandises, à permettre à d'autres "travailleurs" d'aller se vautrer dans les parcs de loisirs adaptés et réduits au consommable...Ce sont encore les mêmes qui nous demandent de "comprendre" les grèves de flics ou de matons qui, dans leur jargon de bois nous serinent que "sous l'uniforme ils restent des travailleurs", ce sont aussi ceux-ci qui pour tout programme nous débitent des niaiseries pour décervelés du genre: -" Je vous promets de vous apporter l'espoir et la confiance en l'avenir"Etc.Autre variante de la même version: -"je vous apporte la confiance de l'avenir dans l'espoir"., Travail, Pugnacité,sacrifice, famille, patrie...<br /> <br /> Je sens bien que là encore nous n'allons pas nous faire beaucoup d'amis. D'ailleurs on s'en cogne: nous les choisissons ailleurs et avec de bien meilleures et jouissives raisons.<br /> <br /> Steph.
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T
On trouvera sur le site de PMO :<br /> <br /> http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=363<br /> <br /> Une réaction au "post" du 6, et la réaction de PMO.
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