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le vieux monde qui n'en finit pas
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15 avril 2012

Votez Lina Romay !

[Un conseil d'ami de Jean-Pierre Bouyxou]

lina-romay

« L’eussiez-vous cru ? Je vais voter ce mois-ci. Mais pas, naturliche, sous prétexte de virer à tout prix le fétide Sarkozy de son trône, pour apporter ma voix au cucurbitacien Hollande ou à l’émétique Mélenchon (l’homme qui nous ramène aux temps encaustiqués d’Yvonne de Gaulle en déclarant la guéguerre à la pornographie, cette monstresse qui corrompt nos fils et avilit nos compagnes, tagada tsoin-tsoin).  Le jour ne viendra jamais, mes agneaux, où vous me verrez participer, fût-ce du bout de l’isoloir, à l’une ou l’autre de ces élections-pièges-à-cons qui, à intervalles aussi réguliers que des giclées de pus, semblent passionner les assurés sociaux. "Une chose m’étonne prodigieusement, c’est qu’il puisse exister encore dans notre chère France un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose", écrivait en 1888 Octave Mirbeau, qui savait ce que s’abstenir veut dire.  Non, non, les aminches, je vais simplement siéger en toute désinvolture au sein d’un jury pas du tout amidonné, celui du festival Hallucinations collectives, dont le nom résume l’essence. Connaissant mon mauvais goût, vous pensez bien que je ne pouvais pas rater ça. L’événement se tient du 4 au 9 avril, à Lyon (j’espère que la bouffe sera à la hauteur, mais je continuerai de tututer du bordeaux plutôt que du bourgogne ou du beaujolpince, qui me mettent la tripaille en vrille). Vous donner un aperçu du programme, même lapidaire, serait long et barbant. Il vous suffira, avant de prendre votre billet pour la gare de la Part-Diable, de savoir qu’il y aura plein de ces films révoltants, vulgaires, horribles, cracras, brutaux, dingos, malsains, aberrants, planants, amoraux et malpolis que désapprouvent comme un seul inquisiteur tous les candidats à toutes les mascarades présidentielles. Des films hallucinants, ainsi qu’annoncé, mais pas, loin s’en faut, au sens que Mirbeau donnait à ce mot. Merde, les fans de Jean Dujardin, de Maïwenn et de Xavier Beauvois vont être déçus… Bien fait pour eux. Ça leur apprendra à se contrefoutre de la disparition, le 15 février dernier, d’une de nos actrices de prédilection: Lina Romay. Elle avait joué dans plus d’une centaine de films de son jules, Jess Franco. Follement amoureux d’elle, il n’a eu de cesse de hurler le désir inextinguible qu’elle lui inspirait.  Montrer le cul de sa dame de cœur, de manière aussi crue que possible, a été sa seule vraie passion pendant près de quatre décennies.  Lina n’a jamais vieilli, n’a jamais rien perdu de son incandescence, parce que c’est sa propre vision d’elle que Jess faisait partager aux spectateurs-voyeurs.  Par-delà les apparences, les films qu’ils ont faits ensemble ne sont ni tout à fait des films fantastiques, ni tout à fait des films comiques, ni même tout à fait des films érotiques. Ce sont des films d’amour, d’une gravité et d’une tendresse infinies. »

Jean-Pierre Bouyxou [chronique parue dans Siné Mensuel n°8]

~

Après coup. Le jury de Hallucinations collectives [ CLIC ] a récompensé
A Function de la Coréenne Lee Hyunsoo (pour le court métrage)
et Kill List du Britannique Ben Wheatley pour le long.
Qu'on se le tienne pour dit.

Kill-List-01

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Commentaires
G
Merci pour vos arguments, affronter Mirbeau plus Libertad... les deux qui en plus s'exprimaient ainsi en une époque où il fallait 1000 fois plus de courage pour le faire, je ne voterai donc qu'au 1er tour.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (oui, je sais)
Répondre
L
Relisons aussi ce qu'écrivait Albert Libeertad :<br /> <br /> <br /> <br /> "C’est toi le criminel, ô Peuple, puisque c’est toi le Souverain. Tu es, il est vrai, le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime.<br /> <br /> Pourtant n’as-tu pas encore assez expérimenté que les députés, qui promettent de te défendre, comme tous les gouvernements du monde présent et passé, sont des menteurs et des impuissants ?<br /> <br /> Tu le sais et tu t’en plains ! Tu le sais et tu les nommes ! Les gouvernants quels qu’ils soient, ont travaillé, travaillent et travailleront pour leurs intérêts, pour ceux de leurs castes et de leurs coteries.<br /> <br /> Où en a-t-il été et comment pourrait-il en être autrement ? Les gouvernés sont des subalternes et des exploités : en connais-tu qui ne le soient pas ?<br /> <br /> Tant que tu n’as pas compris que c’est à toi seul qu’il appartient de produire et de vivre à ta guise, tant que tu supporteras, - par crainte,- et que tu fabriqueras toi-même, - par croyance à l’autorité nécessaire,- des chefs et des directeurs, sache-le bien aussi, tes délégués et tes maîtres vivront de ton labeur et de ta niaiserie. Tu te plains de tout ! Mais n’est-ce pas toi l’auteur des mille plaies qui te dévorent ?<br /> <br /> Tu te plains de la police, de l’armée, de la justice, des casernes, des prisons, des administrations, des lois, des ministres, du gouvernement, des financiers, des spéculateurs, des fonctionnaires, des patrons, des prêtres, des proprios, des salaires, des chômages, du parlement, des impôts, des gabelous, des rentiers, de la cherté des vivres, des fermages et des loyers, des longues journées d’atelier et d’usine, de la maigre pitance, des privations sans nombre et de la masse infinie des iniquités sociales.<br /> <br /> Tu te plains ; mais tu veux le maintien du système où tu végètes. Tu te révoltes parfois, mais pour recommencer toujours. C’est toi qui produis tout, qui laboures et sèmes, qui forges et tisses, qui pétris et transformes, qui construis et fabriques, qui alimentes et fécondes !<br /> <br /> Pourquoi donc ne consommes-tu pas à ta faim ? Pourquoi es-tu le mal vêtu, le mal nourri, le mal abrité ? Oui, pourquoi le sans pain, le sans souliers, le sans demeure ? Pourquoi n’es-tu pas ton maître ? Pourquoi te courbes-tu, obéis-tu, sers-tu ? Pourquoi es-tu l’inférieur, l’humilié, l’offensé, le serviteur, l’esclave ?<br /> <br /> Tu élabores tout et tu ne possèdes rien ? Tout est par toi et tu n’es rien.<br /> <br /> Je me trompe. Tu es l’électeur, le votard, celui qui accepte ce qui est ; celui qui, par le bulletin de vote, sanctionne toutes ses misères ; celui qui, en votant, consacre toutes ses servitudes.<br /> <br /> Tu es le volontaire valet, le domestique aimable, le laquais, le larbin, le chien léchant le fouet, rampant devant la poigne du maître. Tu es le sergot, le geôlier et le mouchard. Tu es le bon soldat, le portier modèle, le locataire bénévole. Tu es l’employé fidèle, le serviteur dévoué, le paysan sobre, l’ouvrier résigné de ton propre esclavage. Tu es toi-même ton bourreau. De quoi te plains-tu ?<br /> <br /> Tu es un danger pour nous, hommes libres, pour nous, anarchistes [sic]. Tu es un danger à l’égal des tyrans, des maîtres que tu te donnes, que tu nommes, que tu soutiens, que tu nourris, que tu protèges de tes baïonnettes, que tu défends de ta force de brute, que tu exaltes de ton ignorance, que tu légalises par tes bulletins de vote, - et que tu nous imposes par ton imbécillité.<br /> <br /> C’est bien toi le Souverain, que l’on flagorne et que l’on dupe. Les discours t’encensent. Les affiches te raccrochent ; tu aimes les âneries et les courtisaneries : sois satisfait, en attendant d’être fusillé aux colonies, d’être massacré aux frontières, à l’ombre de ton drapeau.<br /> <br /> Si des langues intéressées pourlèchent ta fiente royale, ô Souverain ! Si des candidats affamés de commandements et bourrés de platitudes, brossent l’échine et la croupe de ton autocratie de papier ; Si tu te grises de l’encens et des promesses que te déversent ceux qui t’ont toujours trahi, te trompent et te vendront demain : c’est que toi-même tu leur ressembles. C’est que tu ne vaux pas mieux que la horde de tes faméliques adulateurs. C’est que n’ayant pu t’élever à la conscience de ton individualité et de ton indépendance, tu es incapable de t’affranchir par toi-même. Tu ne veux, donc tu ne peux être libre.<br /> <br /> Allons, vote bien ! Aies confiance en tes mandataires, crois en tes élus.<br /> <br /> Mais cesse de te plaindre. Les jougs que tu subis, c’est toi-même qui te les imposes. Les crimes dont tu souffres, c’est toi qui les commets. C’est toi le maître, c’est toi le criminel, et, ironie, c’est toi l’esclave, c’est toi la victime.<br /> <br /> Nous autres, las de l’oppression des maîtres que tu nous donnes, las de supporter leur arrogance, las de supporter ta passivité, nous venons t’appeler à la réflexion, à l’action [sic].<br /> <br /> Allons, un bon mouvement : quitte l’habit étroit de la législation, lave ton corps rudement, afin que crèvent les parasites et la vermine qui te dévorent. Alors seulement du pourras vivre pleinement.<br /> <br /> LE CRIMINEL, c’est l’Electeur !
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D
Pour ma part, j'aurais plutôt dit que les mots de Mirbeau n'avaient pas pris une ride lorsqu'on contemple le spectacle désolant de cette clique politicarde tentant vaille que vaille de grappiller des miettes de pouvoir.
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G
comme quoi, Octave Mirbeau était pas dispensé de sortir une connerie de temps à autre<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (ceci dit, j'ai hâte de voir Kill List)
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