Mieux que la pêche au gros : la poésie
« C'est mon côté animal, se dit Ebenezer. Le côté chien sac à puces, rongeur d'os, fureteur, qui subsiste en moi, qui m'envoie poursuivre un lapin quand je devrais être à écouter, et courir la forêt quand je devrais être à lire les vieux livres de la bibliothèque. Nous sommes venus trop vite, pensa-t-il. Nous avons dû évoluer trop vite. Il a fallu à l'homme des millénaires pour faire de ses grognements des rudiments de langage. Des milliers d'années pour découvrir le feu et des milliers d'années encore pour inventer l'arc et la flècue, pour apprendre à labourer et à cultiver, des milliers d'années pour abandonner la caverne et s'installer dans une maison construite par lui. Mais il ne s'est guère écoulé plus de mille ans entre le moment où nous avons appris à parler et le moent où nous nous sommes trouvés livrés à nous-mêmes... tout seuls... » [© 1952, traduit de l'anglais par Jean Rosenthal]