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18 mars 2013

David Dewaele (Gérard Lefort)

Dewaele, « seigneur ombrageux mais habité »

David_Dewaele Alexandra_Lematre

David Dewaele et Alexandra Lematre dans Hors Satan

~

David Dewaele est mort le 27 février à Hazebrouck, dans le Nord, suite à un malaise cardiaque. Il avait 37 ans. Un inconnu pour tout le monde, mais pas pour ceux qui l’ont vu dans trois films de Bruno Dumont: Flandres (2006), Hadewijch (2009) et surtout Hors Satan (2011), pastorale païenne où il incarne «le gars», un Horla du Pas-de-Calais, sorcier et guérisseur qui hante dunes et marais. Ce dont on se souvient: sa belle gueule cassée, ses yeux gris-bleu, ses cheveux secs, et surtout le mystère de son jeu, à la fois hyperprésent et absent.

«Seigneur». Joint samedi au retour d’une tournée de promotion pour son nouveau film, Camille Claudel 1915, Bruno Dumont se dit «très en peine» pour celui qu’il qualifie d’emblée d’«alter ego»: «Nous étions du même pays, de la même cambrousse, du côté de Calais, Hazebrouck, Wissant, mais pas du même milieu. Un gosse de prolos, cabossé dans son enfance, élevé par une grand-mère chérie, devenu voyou, un peu voleur, souvent taulard, au RSA depuis toujours, bringuebalé entre ses histoires de bistros et de conversion à l’islam, ses soucis de drogue et d’alcool. Un "misérable" au sens noble où Hugo l’entend. Le mot qui me vient: un seigneur, violent, ombrageux mais habité par une sensibilité hors normes.»

Le premier contact entre les deux hommes a eu lieu lors de la préparation de Flandres, par le biais de l’ANPE d’Hazebrouck. «David s’est présenté au casting sans aucune sorte de projet. Acteur ? Il n’avait aucune idée de ce que cela signifiait. Ça ou autre chose, c’était juste un petit boulot qui lui paierait ses clopes et ses bières. Lors de l’entretien, il a parlé plus ou moins de sa vie, plutôt plus moins que plus. L’épanchement n’était pas son genre. Et en mentant, à l’évidence. Mais sa présence terrienne, à la fois tendre et menaçante, était immédiate. Cette matérialité est devenue encore plus visible lors des premiers essais filmés.»

David Dewaele («à prononcer "Deouèle" à la flamande, comme "ouagon" pour wagon», précise Dumont), jouera donc un petit rôle dans Flandres, puis un autre dans Hadewijch. Sa grande apparition aura lieu dans Hors Satan. «Quand je lui ai annoncé qu’il allait avoir le rôle principal du "gars", David m’a dit: "T’es dingue, je n’y arriverais pas." Evidemment, il y est arrivé. Paralysé par la peur et cependant en mouvement. Il savait se tenir devant une caméra et en faire une alliée. Le matin, il arrivait sur le tournage dans le brouillard, cotonneux. Toute la journée, on avait l’impression qu’il continuait à dormir debout. Mais c’est cet état qui me convenait pour le personnage: un homme dans un ailleurs permanent, trop allumé pour être dans la vie réelle. Ce qui l’intéressait le plus, c’est d’être beau sur son visage. Et il le fut. Il m’inspirait des trouvailles formidables. Par exemple pour une scène où "le gars" médite après un meurtre, David me dit: "Tu vas voir comment je vais faire, je vais penser à ma grand-mère qui est morte."»

Ami. Pour discuter du rôle, Dumont montre à Dewaele des portraits des maîtres flamands, ou de Raphaël. «La position des doigts, ça l’intéressait. Il scrutait le tableau, lâchait un "Oh, putain!". Il avait tout compris.» Un complice? Un ami? «Mieux que ça. On était équidistants et complémentaires, marchant chacun sur les bas-côtés du même chemin.»

Gérard Lefort, Libération 18 mars

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Commentaires
G
Les Gens du Cinéma, ils l'ont ajouté depuis, Dewaele.
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J
Le site "Les Gens du cinéma" ( http://www.lesgensducinema.com/entree.php?mots=&debut= ), qui se fait fort d'annoncer la disparition de tous les acteurs, réalisateurs et autres professionnels (ou non) du cinéma, a été informé par mes soins de la mort de David Dewaele, dès que j'ai moi-même appris celle-ci.<br /> <br /> Rien, à la suite de mon mail (détaillé, forcément détaillé) n'a été mentionné sur le site. Étonné, j'ai (re)contacté celui-ci à plusieurs reprises, avec de plus en plus d'insistance. Mon cul ! Ce fut en vain. Au moment où je rédige ce message, le lundi 18 mars, à 22 h 30, David Dewaele n'est toujours pas mort pour "Les Gens du cinéma". Ou, plus exactement, il continue de ne pas exister. <br /> <br /> Doit-on soupçonner "Les Gens du cinéma" de ne pas le considérer comme un "vrai" acteur et, de là, de ne pas le juger digne de figurer dans leurs fichiers entre deux stars estampillée ? C'est une extrémité à laquelle je ne peux me résoudre à croire. Et pourtant...<br /> <br /> Précision peut-être pas superflue, je ne trouve, à titre personnel, aucune espèce d'intérêt aux films de Bruno Dumont, interprétés ou non par David Dewaele. Et je me contrefous intrinsèquement de ce dernier. Mais c'est pas une raison, meeeeeerde !
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