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le vieux monde qui n'en finit pas
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23 août 2018

30 ans de subversion carabinée (9) Jérôme Deshusses

Nous célébrons le trentième anniversaire de l’Anthologie de la subversion carabinée de notre cher Noël Godin. Pendant cent jours, des auteurs choisis au hasard dans le sommaire du livre sont ici proposés, avec un ou deux extraits pris au hasard dans le chapitre à chacun consacré. L’exercice est gratuit, paresseux et purement incitatif. Pour le reste, démerdez-vous. Réimprimée plusieurs fois, l’Anthologie est encore en vente libre (éditions de l’Âge d’homme), grâce à elle c’est Noël tous les matins. Achetez-la, volez-la, donnez-la ou partagez-la, mais lisez-la.

Aujourd’hui : Jérôme Deshusses

jerome deshusses

Délivrez Prométhée (1978)

« La vérité est que les humbles adorent tout ce qui fait l’horreur du monde pollutionnaire: la compétition, les autorités, la gloriole du vainqueur, l’évasion, le bruit, l’insouciance, la puissance brute. D’autres savent tout mieux qu’eux-mêmes: les techniciens inventeront des systèmes anti-pollution, ce que disent les savants est juste, ce que font les chefs d’État a des raisons secrètes et compliquées. Du pain et des jeux pour les humbles, et que tout le reste soit l’affaire des autres: responsabilité, solitude, impuissance et désespoir. On a faussé leur culture, on leur a menti, on les a éduqués de travers. L’élite invisible force les humbles à choisir la chansonnette contre Beethoven; la condition ouvrière ou l’appartenance aux classes moyennes donnent du goût pour la course cycliste; c’est le travail qui empêche la réflexion, et non l’absence de réflexion qui rend le travail possible; se concentrer sur un livre pendant une heure est exclu, mais se concentrer huit heures de suite sur une autoroute est un délassement dominical. Ainsi le même public qui déteste qu’on lui parle de pollution demande qu’on la supprime tout en réclamant ce qui la crée: du veau blanc, des fruits plus sucrés que nature, des aérosols, des avions supersoniques, du plastique partout, du papier en quantités croissantes, bref, la production industrielle tout entière. Il y a quelques années, les usines Ford avaient mis au point un véhicule dans lequel il devenait presque impossible de se tuer; la voiture ressemblait autant à un œuf mollet qu’à un engin lunaire, et le public la refusa dès les premiers sondages. Mais l’industrie seule est fautive. Les peuples ne sont que brimés, et lorsqu’ils achètent ce que l’industrie produit, la poussant à produire encore ce qu’ils achèteront, ils agissent en état de somnambulisme. »

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