La novlangue à la Poste belge, et un court métrage
.. pendant ce temps-là, au royaume de Belgique [où le Palais des Beaux-Arts a été rebaptisé "Bozar" (avec un z, comme dans bazar), où la Cinémathèque royale est devenue "Cinematek" (sans article, comme au Japon) et la plus vénérable Médiathèque du pays s'est transformée en un groupement de PointCulture (sans espace mais avec la cap, comme en allemand)], le changement c'est tous les matins. Dernière trouvaille sémantique de l'ex-service public chargé de l'acheminement et de la distribution du courrier (ça ne s'appelle plus la Poste mais "bpost" (en bas-de-basse, comme en braille): les facteurs seront désormais, si tout va bien, des "apporteurs". Si je voulais les insulter, c'est ainsi que j'appellerais mes chiens, au moment de lancer la balle. Des apporteurs. Pourtant, si l'on en croit l'agence de publicité chargée de faire passer la pilule, les préposés (que l'on défonctionnarise à tour de bras, et que l'on remplace par des intérimaires ignorant tout des règles de l'art) sont tout contents. A Bruxelles, où le nombre de distributions hebdomadaire est passé de onze à cinq en moins de vingt ans, les habitants seront très, très contents, j'en fais le pari. Il est comme ça, le populo. Vous écrivez Gros Cul sur une bouteille de piquette, il croit lire Grand Cru, et il déguste. (Je remercie Genevieve pour l'info.)