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le vieux monde qui n'en finit pas
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11 juin 2013

Rencontres de Laignes ~ Patrick Leboutte vous parle, crénom

Chers amis,

Les Rencontres de Laignes sont un petit festival à la campagne conçu et vécu sans chichis, un rendez-vous de filmeurs, de spectateurs et d’artistes choisissant de faire l’école buissonnière pour penser et préciser ensemble leur rapport personnel au cinéma. Ils y comparent leur expérience et leur pratique des outils cinématographiques légers. Ils y défendent la nécessité de films moins boursouflés, plus artistes ou plus artisanaux, et l’émergence d’un cinéma réalisé parfois dans son plus simple appareil, à l’écart des formatages imposés, en dehors des modalités traditionnelles de production, de diffusion, d’enseignement. En un mot, ils font le point, ils échangent et certains, jeunes réalisateurs ou cinéastes confirmés, sans hiérarchie, tous à égalité, y présentent un état de leur travail dans l’étape où celui-ci se trouve à cet instant: repérages, rushes, premier montage ou film tout juste terminé.

Fondée et animée par Matthias Chouquer (directeur du cinéma l’Eldorado, à Dijon) et Patrick Leboutte (enseignant de cinéma, essayiste et critique itinérant) sur la base du texte de ce dernier repris ci-dessous, la première édition, du 28 juin au 3 juillet 2012, avait notamment accueilli Anne Comode, Alice Diop, Alejandra Riera, Jean- Louis Comolli, Jean-Pierre Daniel, Denis Gheerbrant, Jean-Louis Le Tacon et Jacques Rozier ainsi que de nombreux étudiants d’écoles d’art ou de cinéma souhaitant pour la plupart revivre semblable tentative.

Du 27 juin au 3 juillet 2013, nous vous proposons de renouveler l’expérience et vous invitons à nous rejoindre pour une deuxième édition qui alternera comme la précédente séminaires, ateliers de réflexion autour de quelques films tout récents, soirées festivalières et naturellement moments de fête. Innovation: cette année, nous filmerons et chaque journée proposera une séance de mise en forme où l’on invitera les filmeurs à se mouvoir au plus près de leur outil -- caméra DV, Super 8, Ipad, téléphone portable ou simplement leurs mains --, apprenant ainsi à faire corps avec lui, selon le rituel initié naguère par Jean Rouch et dont Jean-Louis Le Tacon est aujourd’hui le dernier chaman, l’ultime continuateur. Gymnastique d’opérateurs, chorégraphie pour caméras; ciné-transe, ciné-plaisir: chaque jour, les participants s’entraîneront pendant une heure, sur la place du village, puis se répandront dans ses rues comme aux alentours avec la charge de récolter quelques plans visionnés et commentés tous ensemble le dernier jour. Pendant une semaine, conviant les habitants complices à nous rejoindre dans cette activité, les filmeurs feront de Laignes une commune animée en permanence par le cinéma.

Laignes est un beau village de 850 habitants situé au bord nord du département de la Côte d’Or, à 85 kilomètres à l’est d’Auxerre, dont le maire nous offre l’hospitalité. Bien qu’à l’écart de tout, Laignes possède ce qu’il faut pour nous accueillir: une salle de cinéma de 120 places remarquablement équipée (pour les séances de travail et les projections), une maison des fêtes (pour les repas pris en commun et autres prolongements festifs), un petit lac (pour se baigner), une jolie forêt (pour la cueillette des champignons), un bar-tabac, une maison du vin, une supérette, deux boulangeries, un distributeur de billets et même une pharmacie.

Jocelyne Porcher (chercheuse à l’Inra et spécialiste de la question animale), le critique Eugénio Renzi, l’électron libre François Pain, les cinéastes Karine Guiho, Daniela de Felice, Manuela Frésil, Camille Fontenier, Boris Lehman, Marc-Antoine Roudil et Jean-Louis Le Tacon seront entre autres quelques-uns de nos invités. D’autres sont susceptibles de venir grossir les rangs. En réajustements constants, comme l’année dernière, le programme ne sera définitif qu’à la mi-juin, mais vous pourrez suivre son évolution dès les prochains jours sur le site du cinéma Eldorado. CLIC

En voici d’ores et déjà les grandes lignes. 

SEMINAIRES :

« Dans son plus simple appareil (la forge des outils) »: autour de la trilogie champêtre pour iPod et iPad de Jean-Louis Le Tacon. Animé par Patrick Leboutte. Vendredi 28 juin.

« Condition humaine et question animale ». Animé par Jocelyne Porcher et Jean-Louis Le Tacon. Invitée : Manuela Frésil. Samedi 29 juin.

« Le cinéma à Saint-Alban : une histoire de fous » (Mario Ruspoli, François Tosquelles). Animé par Patrick Leboutte et François Pain. Dimanche 30 juin.

« La rupture: du capital comme déliaison, du cinéma comme réparation ». Animé par Matthias Chouquer et Eugénio Renzi. Lundi 1er juillet.

ATELIERS :

Daniela de Felice/Karine Guiho. Samedi 29 juin.

Celia Dessardo/Marc-Antoine Roudil. Dimanche 30 juin.

Clara Alloing/Camille Fontenier. Mercredi 3 juillet.

EVENEMENTS :

Projection sur la place du village de « Par devant notaire » (Sophie Bruneau, Marc-Antoine Roudil). Samedi 29 juin, soir.

Concert sur la place du village. Dimanche 30 juin, soir.

Un beau jour à la campagne avec Boris Lehman. Mardi 1er juillet.

FILMS PROJETES :

Clara Alloing, Place des Italiens, 2013

Sophie Bruneau, Marc-Antoine Roudil, Par devant notaire, 1999

Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, Leviathan, 2013

Daniela de Felice, Casa, festival Cinéma du réel, 2013

Olivia De Grez, Sans fleurs ni couronnes, 2013

Celia Dessardo, Toute la nuit, 2013

Camille Fontenier, Beaudelot, 2013

Manuela Frésil, Entrée du personnel, 2012

Karine Guiho, la Casse ouvrière, 2013

Alain Guiraudie, l’Inconnu du lac, 2013 (soirée d’ouverture)

Boris Lehman

Jean-Louis Le Tacon, le Film s’appelle voilà, 2012

Jean-Louis Le Tacon, le Film s’appelle voici, 2013

Jean-Louis Le Tacon, Tuerie chez Pauline, 2013

Pierre Lhomme, Chris Marker, le joli Mai, 1962 (copie neuve)

François Pain

Pier Paolo Pasolini, la Forme d’une ville

Pierre Perrault, Pour la suite du monde, 1962 (extrait)

Joao Pedro Rodrigues et Joao Rui Guerra da Mata, La dernière fois que j’ai vu Macao, 2013

Marc-Antoine Roudil, le Prince Miiaou, 2012

Mario Ruspoli, Regards sur la folie, 1962 (copie neuve)

Virgil Vernier, Orléans, 2012

X, film surprise, 2013

Sachez toutefois que nous ne disposons que de 90 places, souhaitant en garder 40 pour notre équipe, nos invités et les habitants du village. Vous pouvez réserver votre place en téléchargeant le bulletin officiel d’inscription sur le site du cinéma Eldorado: CLIC. Cette formalité administrative est indispensable. La participation aux frais reste de 40 euros.

Pour toute information complémentaire, il vous suffit de joindre Léa Daloz à l’adresse suivante : rencontreslaignesATgmail.com

Dans l’attente de vous retrouver, à vous maintenant de faire passer ce message dans votre propre entourage.

Patrick Leboutte, Matthias Chouquer, Jean-Louis Le Tacon

Et toute l’équipe des rencontres.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Accès.

En voiture. Laignes se trouve sur la départementale D 965 qui relie Auxerre à Châtillon sur Seine, à 17 kilomètres de la D 671, devenue D 971 raccordant Troyes à Dijon.

En train. La gare la plus proche est celle de Montbard, directement accessible en TGV (1h00) ou TER depuis Paris Gare de Lyon. Nous pourrons venir vous chercher en gare de Montbard si besoin est. Un réseau de bus TRANSCO relie Dijon ou Montbard à Châtillon sur Seine et Châtillon sur Seine à Laignes pour 1€50. 

Accueil. En face du cinéma, au bureau de l’association, ouvert toute la journée.

Participation au frais. 40 euros. Cette somme nous est nécessaire pour financer l’intendance et l’organisation concrète de la manifestation. Séminaires, ateliers et projections sont gratuits.

Repas. Vous pourrez manger sur le pouce à midi (partenariat avec la boulangerie: sandwichs, salades, etc.) et prendre un repas chaud, servi à table, dans une salle couverte mise à notre disposition le soir (préparé par nos bénévoles, pour un montant de 8€ / repas, vin compris). L’inscription et le règlement des repas sera possible via le bulletin d’inscription, mais pourra également se faire sur place, au jour le jour – s’inscrire à l’accueil le matin pour le dîner du soir.

Bar. Outre le café du village, nous disposons de notre propre bar, en face du cinéma, ouvert jusqu’à 1h00 du matin. Il dispose d’une table de billard, malheureusement souvent squattée par Romain Leboutte, 12 ans, spectateur itinérant et fils d’un des organisateurs. Personne n’est parfait.

Logement

Le terrain de foot nous est prêté pour y installer nos tentes, ce qui en 2012 offrit pratiquement un nouveau quartier provisoire au village, donnant même à la manifestation un tout petit côté Woodstock.  Les douches et les sanitaires seront en permanence à notre disposition. Une autre solution est prévue en cas de pluie.

Il est également possible d’être accueilli chez les habitants du village. Nous réservons en priorité cette formule aux familles avec enfants ou aux personnes pour qui un logement à la diable n’est pas envisageable. Contact: Lea Daloz rencontreslaignesATgmail.com ou jeanpaul.noretATanadoo.fr

***

NOTES POUR UN CINEMA LEGER (Extrait)

Après un siècle d’existence, le cinéma a définitivement quitté son lit. Excédé par le formatage qu’elle suppose, il a rompu les digues où l’enserrait l’industrie, débordant à présent dans un territoire élargi. Depuis douze ans, les nouvelles technologies numériques ont davantage rapproché les cinéastes de leur outil au point que filmer soi-même, parfois seul, sans assistance ni directeur de la photographie, est devenu pour beaucoup une évidence. Libérées par les petites caméras numériques et renouvelant des pratiques naguère minoritaires ou marginales, de nouvelles formes d’écriture, en particulier documentaires, n’en finissent pas d’éclore aux lisières des circuits traditionnels (de formation, de production, de diffusion) comme autant de vaccins contre les images dominantes. Essor de l’autobiographie et du journal filmé, lettres cinématographiées, affirmation de l’essai, travail poétique sur les archives, hétérogénéité des matériaux utilisés, ciné-tracts et pamphlets, carnets de voyages en solitaire dans les replis du monde, au plus près des habitants, mais aussi fictions moins protégées, moins claquemurées, désormais transpercées par la réalité font ainsi apparaître un paysage de films sauvages dont le fort coefficient cinématographique naît d’abord du geste premier de filmer: un cinéma par le bas, pourrait-on dire, dans son plus simple appareil, dégraissé; un cinéma povera et non plus simplement vu d’en haut.

Ainsi les petites caméras numériques ont-elles déplacé le centre de gravité du cinéma. Sur le modèle de la prise de notes, il est à présent permis de filmer tout le temps et faire un film n’est vraiment plus toute une histoire. D’abord filmer pour voir, par goût de la tentative, au flair ou à l’instinct, mais aussi pour entretenir le rapport à l’outil, pour ne pas perdre la main, puis ensuite s’il y a lieu construire le film comme il travaille, comme il advient. « Les outils existent maintenant pour qu’un cinéma de l’intimité, de la solitude, un cinéma élaboré dans le face-à-face avec soi-même, ait accès à un autre espace que celui du film expérimental », écrivait déjà Chris Marker voici quinze ans. Caméra-stylo, caméra-burin, caméra-pinceau, caméra-plume: ces termes disent les gestes d’un travail au quotidien, comme un écrivain fait ses pages, comme un musicien compose sa partition, comme un sculpteur dans son atelier.  Alors le cinéaste n’est plus ce chef d’équipe oeuvrant en entreprise; assurant lui-même le cadre et le son, et s’il le veut le montage, occupant dorénavant tous les postes, il est davantage artiste et artisan, accordant ses moyens à ses fins, son esthétique à son mode d’existence. Comparable à ce qui advint au XIXe siècle à la peinture, avec l’invention des petits tubes de couleurs, cette révolution affecte aussi le spectateur qu’elle libère tout autant, lui promettant enfin d’autres aventures, d’autres durées, d’autres expériences, à commencer par celle d’une co-présence avec ce qui travaille à l’écran. « Ce qui arrive à quelqu'un devant un écran, un événement singulier qui, comme une conversation, se passe dans les deux sens et dont l’existence est confirmée par les traces qu’il laisse. » Ainsi Robert Kramer définissait-il le cinéma, comme un art de la relation ou mieux encore de la rencontre: nous y sommes, nous y revenons.

Patrick Leboutte

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