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le vieux monde qui n'en finit pas
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24 juillet 2013

Gouverner à la peur et au ressentiment, par Alain Brossat

villeneuve aout 2012

lors d'un démantèlement, Villeneuve d'Ascq, il y a un an

~

« Je lisais hier un livre de Guy Hocquenghem, publié en 1979, La Beauté du métis, et je suis tombé sur ces lignes: "L’étranger dégusté à petits coups in situ est gibier d’expulsion en France. Cette irrésistible compulsion de rejet, ce réflexe de l’expulsion administrative passe pour assez naturel, même aux yeux des cultivés, pour fonctionner tous les jours sans complexes." Rien de nouveau sous le soleil, donc. On rappellera pour mémoire qu’en matière de destructions de campements de Roms et de "reconduite", comme ils disent, d’étrangers en situation irrégulière, Manuel Valls, adonné à la fièvre obsidionale du chiffre comme son prédécesseur, fait mieux que celui-ci [Claude Guéant, l’âme damnée de Sarkozy]. Contrairement à ce qui s’énonce couramment, on n’a pas affaire ici à des gouvernants en quête de popularité qui, en désespoir de cause, s’efforceraient de répondre à une demande de plus en plus insistante surgie des tréfonds de la société, une quête autochtoniste nourrie par toutes sortes d’inquiétudes à propos de l’identité nationale et des menaces qui pèseraient sur elle. Le rejet de l’étranger est une construction politique, un mode ou régime toujours plus accentué du gouvernement de la population: à défaut de pouvoir gouverner à l’espérance, aux réformes utiles (celles qui améliorent les conditions de vie de la majorité, de l’élément populaire), au renforcement des éléments de cohésion (les dispositifs égalitaires), on gouvernera toujours davantage à la mobilisation des affects négatifs, à la peur et au ressentiment, à la méfiance et au rejet – c’est-à-dire à la fabrication de mauvais objets, mauvais corps, ceux par lesquels le mal est supposé advenir – l’étranger pauvre en moyens et en droits, le dernier arrivant. »

Alain Brossat, extrait d’un entretien avec Jean-Marie Durand
pour Les Inrockuptibles, juillet 2013.  

Je rappelle la publication, il y a six mois, d'un livre important de Brossat, Autochtone imaginaire, étranger imaginé - Retours sur la xénophobie ambiante, par les bons soins de Marianne Van Leeuw et des éditions du Souffle (Bruxelles). CLIC

editions_du_souffle-2

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