Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
le vieux monde qui n'en finit pas
Publicité
le vieux monde qui n'en finit pas
Visiteurs
Depuis la création 1 423 168
Newsletter
Derniers commentaires
4 novembre 2013

Lectures pour tous : Stig Dagerman

Le poète anarchiste suédois se suicida, à l'âge de 31 ans, le 4 novembre 1954

dagerman


« [...] Par contre, il n’est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?

« Je suis obligé de répondre: nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant. »

Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, 1952
traduit du suédois par Philippe Bouquet

~

le texte complet de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier est ICI

et là :

dagerman

Lire aussi Le destin de l'homme se joue partout et tout le temps, 1950, ICI

et un article de Philippe Savary (Le matricule des anges)
sur la bio de Dagerman par Georges Ueberschlag

Publicité
Publicité
Commentaires
W
Ce doit être parce que pour ma part j'ai découvert ce texte par les Têtes raides, je connaissais Stig Dagerman de réputation (poète, suédois, anarchiste, suicidé : bref attirant), mais ses livres n'étaient pas encore parvenus en haut de ma pile... même pas en stock pour être honnête. Ce qui a dû me poindre c'est certainement le texte lui même, quoique j'aime bien la voix du chanteur, et je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait de reggae.
Répondre
W
On peut l'entendre dans cette poignante version ici aussi : http://www.dailymotion.com/video/xgcflc_tetes-raides-notre-besoin-de-consolation-2007_music
Répondre
Publicité