Nos films préférés en 2013 : Benoît Chaput
J’ai beau me creuser la tête, il semble bien que j’ai vu bien peu de nouveaux films intéressants en salle en 2013.
S’il faut en nommer, je dirais Blue Jasmine de Woody Allen et Inside Llewyn Davis des frères Coen: de bons films, riches, mais des films de peu de relief, qui portent bien la défaite de leurs histoires.
La vraie découverte, dans un genre assez contemplatif, aura été le Museum Hours de Jem Cohen, avec Mary Margaret O’Hara et Bobby Sommer. Jem Cohen avait déjà fait bien de belles choses, dont les projections qui accompagnaient les spectacles de Godspeed You Black Emperor et le documentaire Benjamin Smoke, mais il construit ici une vraie histoire qui entre au cœur de son esthétique.
La perte de Michel Brault (dont tous les films sont à voir), aura permis de revoir sur grand écran Les Ordres. C’est toujours très bon. Jean Lapointe est sublime (et cette chanson, « La complainte à mon frère », est un blues qui ne vous lâche pas).
Les vraies perles, les vraies merveilles, auront été vues ou revues à la maison:
Nous avons continué à explorer le cinéma américain des années 70 et c’est – étrangement – Straight Time de Ulu Grosbard avec Dustin Hoffman et une très jeune Theresa Russell qui m’a le plus marqué. Il y a là une scène d’une force inouïe, un de ces moments de l’amour désespéré qui rappelle comment le meilleur cinéma passionne par la passion.
De bons Lumet: surtout The Fugitive Kind mais aussi Child’s Play, Network, Dogday Afternoon.
Enfin vu Klute de Alan J. Pakula. Là encore, un moment, la hanche entr’apercue de Jane Fonda qui se roule sur Donald Sutherland. Presque rien ? et absolument tout.
De bons Billy Wilder: Double Indemnity (Chandler scénariste contre Cain romancier, c’est quand même le roman, quand même Cain qui gagne) et The Apartement (je comprends enfin pourquoi on peut aimer Shirley MacLaine).
Far from the Madding Crowd de John Schlesinger, pour tout mais d’abord pour Julie Christie.
McCabe and Mrs Miller de Robert Altman, pour tout mais d’abord pour Julie Christie.
Quelques Chabrol, jouissifs même quand ils sont moins bons. D’un moins bon, sans doute, me restent des images, des visages et des voix: La demoiselle d’honneur. On ne choisit pas ce qui nous hante.
Enfin vu Rope et surtout surtout Rebecca de Hitchcock: j’espère qu’il existe encore un avenir composé de films possédés de la sorte.
Voilà.
PS: J’allais oublier La vie d’Adèle ! Quand même, quand même, du vrai cinéma au cinéma; une présence, une force... et le visage changeant d’Adèle Exarchopoulos, la beauté sur la corde du temps.