NDDL : Quadruppani revient sur la manif nantaise
[Analyse de Serge Quadruppani publiée par Article 11 ]
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Retour à Nantes
[Réflexions autour de la manifestation du 22 février et ses suites]
Samedi dernier, l’heure était à la manif à Nantes, contre l’aéroport, Vinci et son monde. Un brin de castagne, beaucoup de monde. Une déferlante médiatique a suivi, hallucinée et servile: le centre-ville aurait été dévasté, la manif gâchée, la population de Nantes traumatisée... L’ami Serge Quadruppani revient ici (entre autres) sur la construction médiatico-politique d’un consensus et les leçons à en tirer.
« Les habitants de Nantes et les dizaines de milliers de personnes qui ont participé dans cette ville à la manifestation du 22 février contre l’aéroport de Notre-Dame des-Landes ont eu la possibilité de vérifier de leurs propres yeux un phénomène bien connu: dès qu’il s’agit d’informer à chaud sur des manifestations un tant soit peu agitées, les médias dominants renoncent sans barguigner à ce fameux pluralisme qui, paraît-il, les légitimerait. Avec une belle unanimité, ils se transforment en porte-paroles du ministère de l’Intérieur et le suivent jusque dans ses plus ahurissantes assertions.
Deux phrases revenaient en boucle: "La manifestation a dégénéré" et (prononcée la première fois par le préfet) "la fête a été gâchée" (comme si c’était aux journalistes et au corps préfectoral de décider ce qu’est une "fête" et une bonne manifestation). "Nantes dévastée": ce refrain avait quelque chose de comique, à force d’être repris en chœur, de Libération au Figaro et des télés à France Culture. Deux engins de chantier brûlés, un bureau de Vinci saccagé, un commissariat maculé, un peu de mobilier urbain et un petit nombre de vitrines plus ou moins endommagées, quelques fourgons caillassés: voilà tous les ravages qui n’ont pas un instant empêché des milliers de Nantais de s’adonner ce samedi après-midi au lèche-vitrine, à la consommation en terrasse, à l’achat de marchandises, bref, à tout ce qui résume le bonheur de vivre dans le monde auquel appartient le projet d’aéroport. Et le lendemain, il n’était pas rare de rencontrer des habitants cherchant en vain ces fameux ravages qui devaient bien exister puisque les médias les avaient mentionnés. [...] »
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