Football : avec Jean-Luc Godard, faisons-nous des ennemis
« Le football, ça m’a passé. Il faudrait que la télé ne diffuse que la séance des tirs au but, qu’une chaîne ne donne que cela et s’il n’y a pas de penaltys, elle ne donne pas le match. Jeune, j’ai été gardien de but, je pense que les penaltys m’attirent. Mais on n’a pas besoin de regarder tout le match… En plus, je trouve que c’est mal filmé, c’est très très mal filmé. Est-ce que ça peut être bien filmé ? On filme le football comme le basket… Le tennis, c’est effrayant [...] Le football, je ne sais pas si ça peut être filmé en direct, mais en recomposé oui. Ce qu’il faudrait, c’est filmer le match en direct avec beaucoup de choses, mais ne pas le donner à la télé et ensuite deux ou trois mois après, montrer le film de la Coupe du monde par exemple. La Coupe du monde au Brésil, vous la laissez se jouer, mais pas de télévision et trois mois après, vous montrez le film. C’est comme cela qu’on filmait les JO autrefois. »
JLG à France-Inter, en mai
« Ceci n'est pas une montagne. »
« [...] En football, aussi, on pourrait peut-être un petit peu changer les choses… Mais ils n'ont pas les moyens intellectuels, culturels. Ils ne jouent qu'avec leurs pieds. Tandis que, dans la petite cellule du cinéma, il y a de tout, des moyens, de la culture, de l'argent, de l'amour, de la création artistique, de l'économie… Les gens disent "le cinéma", mais en fait ils veulent dire "les films". Le cinéma, c'est autre chose. Il y a une anecdote, je ne sais pas si elle est vraie, sur Cézanne. Il peint pour la centième fois la montagne Sainte-Victoire. Quelqu'un passe et lui dit: "Oh, elle est belle, votre montagne ! » Cézanne : « Foutez-moi le camp, je ne peins pas une montagne, je peins un tableau." »
JLG dans Le Monde, hier après-midi*
* la version longue est ICI