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le vieux monde qui n'en finit pas
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13 août 2014

Le cinéma, sous les couvertures 13

Sous les couvertures, cette semaine, se dissimule un quiz.

Le livre est une biographie, sous la forme du classique entretien hypercomplaisant (« Excellente question cher ami merci de l'avoir posée j'avais justement envie d'y répondre ») et de l'exercice épuisant de name-dropping. Très peu d'analyse de cinéma, beaucoup de sarcasmes et de vantardises sexuelles. L'homme se targue sans qu'on l'en presse d'avoir séduit ou tenté de le faire, en cinquante ans de carrière, tout ce qui portait une jupe sur ses plateaux de tournage. On est plus près des colonnes croustillantes de feu Penthouse que de Yellow Now ou de Trafic. L'auteur ici autocélébré est un cinéaste français qui a peut-être inventé la version cinoche de la théorie du complot. En allant vite, ses films, une soixantaine au total, se divisent en trois catégories: les trop malins pour le public de l'époque (mais croyez-moi, le DVD fait un tabac), ceux qui n'ont pas plu à une profession, salles et chaînes de télé, prompte au boycott (mais croyez-moi, le public a adoré) et ceux qui ont fait grincer les chicots de la censure (croyez-moi, le film aurait triomphé)... Il fut un temps où l'homme avait du courage, une belle intuition de raconteur d'histoires donnant l'impression qu'il avait toujours un train d'avance sur son temps, un esprit indépendant et un franc-parler rentre-dedans qui entretinrent longtemps passions et débats de cinéphiles excités (est-il un vrai anar, se demandait-on, ou un anarchiste de droite, un imposteur réac comme tant de ses comparses), en tout cas ses films nous apparurent longtemps comme de sulfureuses et jubilatoires comédies noires, autant de cocktails Molotov lancés à la gueule du vieux monde. Nous l'avons beaucoup aimé, beaucoup soutenu, beaucoup défendu, parfois avec une roborative mauvaise foi, pour ces raisons. Le livre qu’il vient de publier (le plus idiot de l’année dans sa catégorie, selon moi) suggère qu’il est devenu un vieux con radoteur aussi aigri que sûr de lui. Son interviouveur, garçon sympathique au demeurant, conclut sa préface élégiaque sur l’hypothèse que l’homme dont la photo orne la couverture serait un poète pathétique (ah, les Grecs…). Nous, on le trouve simplement pathétique. Par pure méchanceté, je citerai trois perles:

À propos d’un de ses films dont la protagoniste, adepte de la justice directe, zigouille à tour de bras des « pédophiles »:
« Elle sait qu’ils recommenceront en sortant de prison. Je suis contre la peine de mort, et j’ai fait [xxx, 1978] en ce sens, mais quand un chien est enragé, il faut absolument l’abattre. »
Un peu plus loin, il feint de se rattraper:
« D’accord, les tuer n’est pas une solution. Il faudrait les castrer pour qu’ils ne puissent plus recommencer en sortant de prison. »

À la question « Comment vous situez-vous politiquement? »:
« Entre François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, sauf que je trouve Bayrou trop attentiste, mais c’est l’homme le plus sain de la classe politique. Quant à Mélenchon, il attaque sans arrêt, ça peut quand même faire bouger les choses. » Etc.

À une question sur ses origines « tchéchènes et polonaises »:
« Je m’appelle Jean-Paul Adam Mokiejewski, le "jew" voulant dire "juif". » Silly, insn’t ?

silly
    

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Commentaires
B
Il est de qui, d'ailleurs, ce livre sur Mocky ? Il est paru où?
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S
Il y a longtemps, longtemps, longtemps que ce triste monsieur n'arrive plus à se faire passer, sauf auprès de quelques thuriféraires atteints de cécité, pour ce qu'il n'a finalement jamais été : un cinéaste subversif.<br /> <br /> Revoyez ses vieux films : en fait d'anarchisme, ils puent le poujadisme. Aucune institution n'y est franchement malmenée, aucun conformisme n'y est vraiment dénoncé. Ainsi, "Les Compagnons de la marguerite" prône la réforme du mariage mais pas du tout son abolition, "L'Étalon" fait l'apologie du putanat et du maquereautage sous leurs formes les plus sordides, "Solo" refuse aux vieillards le droit à la sexualité, et ainsi de suite.<br /> <br /> Les films de Jean-Pierre Mocky – y compris ceux que nous avons jadis aimés – lui ressemblent. Ils sont rances, mesquins, sinistres. <br /> <br /> (Un détail, pour finir. Il y a eu naguère, contrairement à ce que vous laissez entendre, d'intéressantes pages sur le cinéma dans la version française de "Penthouse". Je me souviens par exemple d'un entretien avec... Mocky ! "Il gèle en enfer" sortait en salle, et il semblait vouloir bouffer tout le monde autour de lui. C'était très réjouissant. Je vous jure que les questions qui lui étaient posées ne concernaient pas son tableau de chasse de séducteur !
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