Lectures pour tous : Roberto Bolaño

« Le 10 octobre, le même jour où l’on trouva le corps de Leticia Borrego García à côté des terrains de football de Pemex, on découvrit le cadavre de Lucía Domínguez Roa, dans la colonia Hidalgo, sur un trottoir de la rue Perséfone. Le premier rapport policier affirme que Lucía travaillait en tant que prostituée, que c’était une droguée, et que la cause de la mort était probablement une surdose. Le lendemain matin, cependant, la déclaration de la police varia ostensiblement. On dit alors que Lucía Domínguez Roa travaillait comme serveuse dans un bar de la colonia Mexico et que sa mort avait été provoquée par un coup de feu à l’abdomen, une balle de calibre 44, probablement un revolver. Il n’y avait pas de témoins de l’assassinat, et on n’écartait pas la possibilité que l’assassin ait fait feu de l’intérieur d’une voiture en marche. On n’écartait pas non plus l’hypothèse que la balle pût viser quelqu’un d’autre. Lucía Domínguez Roa avait trente-trois ans, était séparée de son mari et vivait seule dans une chambre de la colonia Mexico. Personne ne sut dire ce qu’elle faisait dans la colonia Hidalgo, même s’il était probable, selon la police, qu’elle ait été en train de se promener et qu’elle ait rencontré la mort complètement par hasard. »

Roberto Bolaño, « La partie des crimes », 2666 (2003),
Gallimard, traduit de l’espagnol par Robert Amutio

Comments

[john warsen]

« La partie des crimes » est interminable. J'ai bien aimé par contre le début et la fin du roman.