Samuel Khachikian, Bologne 2017
A Bologne (Il cinema ritrovato, 31e), c'est presque la mi-temps. On a fait le tour de l'hommage à Samuel Khachikian, l'Arménien de Téhéran, fou furieux d'un cinéma de genre oublié là-bas depuis l'arrivée des mollahs, film noir, horreur, mélodrame à orphelines, gangster movie et documentaire permanent de l'Iran - société de classes sous dictature, en cours d'industrialisation dans les années cinquante et soixante -, abusivement baptisé l'Alfred Hitchcock iranien (son cinéma évoque plutôt celui de William Castle ou d'un Roger Corman qui aurait inhalé des trucs interdits). La sortie de ses films provoquait chaque fois des émeutes dans les rues de Téhéran, où il battait, jusqu'à la révolution islamique, tous les records commerciaux.
On en reparlera sans doute. Les films projetés à Bologne le furent pour la première fois hors d'Iran depuis 1979. Nos cinémathèques, qui ont le nez fin, devraient les reprendre, on l'espère. Sans parler des détaillants, toujours à l'affût d'un bon coup.
Anecdote entre mille, ce cinéaste-phénomène filma le premier baiser du cinéma iranien (Crossroads of Events, 1955). Les soixante photogrammes en question ont définitivement disparu des copies en circulation. Pas la faute des barbus, cherchons plutôt chez les projectionnistes et les collectionneurs de l'époque. En voici tout de même une image. Qu'on se rappelle : Samuel Khachikian.