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le vieux monde qui n'en finit pas
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19 mai 2018

Lectures pour tous : Vladimir Nabokov

« Nous connûmes cet étrange anthropoïde qui grouille au bord des routes, l’Auto-stoppeur, Homo pollex [pouce] en termes scientifiques, sous toutes ses formes et sous-espèces: le modeste soldat, tiré à quatre épingles, attendant paisiblement, et paisiblement conscient de l’attrait viatique qu’exerce le kaki; l’écolier souhaitant aller deux rues plus loin; le tueur désirant se rendre deux mille kilomètres plus loin; le vieux monsieur, mystérieux et nerveux, avec sa valise toute neuve et sa moustache bien taillée; un trio de Mexicains optimistes; l’étudiant qui exhibe avec une égale fierté la crasse de tout un été de travail au grand air et le nom de sa célèbre université lequel s’affiche en arc de cercle sur le devant de son sweat-shirt; la dame en détresse dont la batterie l’a laissée en plan; les jeunes vauriens bien léchés, aux cheveux luisants, aux yeux fuyants, au visage blême, en chemises et en vestes criardes, pointant vigoureusement, priapiquement presque, leur pouce tendu afin d’aguicher les femmes solitaires ou les voyageurs de commerce niais par des fantasmes libidineux. "Prenons-le", plaidait souvent Lo, frottant ses genoux l’un contre l’autre comme elle savait si bien le faire, tandis que quelque pollex particulièrement dégoûtant, un homme de mon âge et de ma carrure, avec la face à claques d’un acteur en chômage, marchait à reculons, sur la trajectoire de notre voiture, pratiquement. » [Vladimir Nabokov, Lolita, Gallimard, trad. Maurice Couturier]

~

walker evans hitchhike

photo : Walker Evans, 1936

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