Gilliam et Swift, de Brazil à La Mancha
« Quelque effort que fassent la Nature et la Fortune, elles ne sauraient jamais égaler, par leurs productions, les phénomènes admirables et les révolutions merveilleuses, que l’imagination est capable de produire. Et dans le fond, l’homme est-il si fort à blâmer de préférer l’une aux autres ? La vérité place des notions dans la mémoire; la fiction introduit des idées dans l’imagination. Il s’agit seulement de savoir si les dernières n’existent pas aussi réellement que les premières. Il n’est pas possible d’en disconvenir; on peut soutenir même que l’imagination l’emporte sur la mémoire, parce qu’elle est, pour ainsi dire, la matrice des choses, au lieu que l’autre n’en est que le tombeau. »
On lit ces mots de Jonathan Swift (Le conte du tonneau, 1704) en exergue de l’indispensable "Brazil" de Terry Gilliam de Louis Danvers, paru en 1988 chez Yellow Now ("Long Métrage" n°5). Nous savons depuis hier que trente-trois ans après Brazil, le seul membre du Monty Python’s Flying Circus né dans le Minnesota n’a pas tourné le dos aux leçons de Swift.
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[Robert de Niro et Jonathan Pryce (futur Don Quichotte) dans Brazil, 1985]