Clochemerle et les autos
La récente décision de réduire la vitesse des véhicules automoteurs sur les routes départementales à deux voies n’en finit pas d'entretenir débats ineptes et de susciter extravagances en tous genres. Le délire qui suit vient d’un zig qui prétend enseigner les sciences économiques et sociales dans un lycée du Pas-de-Calais. Comme quoi, même à Clochemerle, on a ses professeurs Tournesol et ses Bouvarépécuchet. Parfois, ils ont même lu Marx pour les nuls et Les maths pour autistes.
« Dans le langage des économistes, on a ici une substitution du travail au capital (ce qui constitue un cas rare, à rebours de la tendance historique à substituer du capital au travail, avec la mécanisation puis la robotisation). Là, une baisse de capital circulant, à savoir le carburant, est compensée par un surcroît de travail, le temps de conduite. Si on analyse la conduite automobile comme une autoproduction de service de transport – le secteur des taxis atteste que c’est bien une activité productive –, l’échange se joue entre l’automobiliste et son distributeur de carburant (Total par exemple) : la réduction de la vitesse amène à "rémunérer" un peu plus l’automobiliste et un peu moins Total. [...] Cette baisse de 10 km/h réduit la consommation aux 100 km d’environ 0,8 litre, soit une économie attendue de 1,20 € aux 100 km pour une berline essence moyenne. Or, à 80 km/h plutôt que 90 km/h, il faut huit minutes de plus pour parcourir 100 km. Ces huit minutes de travail "économisateur" rapportent donc 1,20 € soit... 9 € de l’heure ! Pas mal payé pour conduire tranquillement. Pour un couple d’automobilistes moyens, cela représenterait 240 € par an pour le ménage, selon la Sécurité routière. » Bravo, Le Monde.
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