Cécile Villaumé et les Guy Môquette
« Cet infanthéisme (Muray, encore), on va le retrouver dans l’écriture dite inclusive par exemple. Être outré parce qu’en grammaire le masculin l’emporte sur le féminin, c’est une réaction de CP. Et d’ailleurs que des universitaires refusent de voir que le masculin est en français l’héritier du masculin et du neutre, c’est gênant. Après, je soupçonne les plus ardents des thuriféraires de ce sabir d’utiliser cette cause pour masquer leur manque de travail. Les universitaires qui fondent leur carrièrre là-dessus passent pour des Guy Môquet (ou des Guy Môquette) à peu de frais. Pendant qu’elles déclenchent des réactions outrées (ce qui est normal, puisqu’elles attaquent la langue maternelle, et un code commun), elles n’ont pas à faire de réelles recherches et se contentent de se présenter comme des apôtresses de la Liberté.e attaquées par l’Hydre de la Réaction. Même chose en politique. Je suis toujours frappée de voir l’ardeur de nos ministres à corriger le malotru qui les a appelées "madame le ministre". Que ne mettent-elles pas la même fougue dans la défense des petites maternités ! »
Cécile Villaumé, juin 2019,
entretien recueilli par le sourcilleux Éric "littérateurs et trices" Dussert pour Le Matricule des anges.
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Le livre qu’elle vient de publier au Dilettante, Des écrivains imaginés – elle s’y paie la tête de Duras, Pergaud, Dolto, Mallarmé, Colette, Ionesco, Nerval et quelques autres, et de leurs laudateurs –, est un des plus drôles et des plus stimulants du printemps.