Griffith et Jackson
J'aime la manière dont Camille Nevers règle leurs comptes à quelques donneurs de leçons de morale, dans un détour de sa critique de l'infect Pour les soldats tombés de Peter Jackson, tripatouillage documenteur et sommet du fake.
"Pendant que beaucoup se pâment devant la prouesse contrefaite du film de Jackson, écrit Nevers dans Libération, d'autres (ou les mêmes) font bannir Naissance d'une nation des universités pour son idéologie raciste. Cette ferveur justicière, qui hait le cinéma, juge le film fondateur et fondamental de Griffith, sorti en 1915, indigne et inadmissible tandis que les mêmes arbitres de l'élégance estiment admirable le procédé infect de remastérisation, numérisation, colorisation, sonorisation de ce soi-disant "documentaire" qui n'y a aucun titre. Bluffante, la surcharge faussaire. De Godard, on se rappelle la formule: "C'est pas du sang, c'est du rouge." Dans Pour les soldats tombés, le sang c'est de la grenadine."