Pascal Kané
« Notre cher ami Pascal Kané s’est éteint [hier] matin. C’est une immense peine. [...] Ses films n’ont pas toujours reçu l’accueil à la hauteur de leurs qualités, ils reflétaient pourtant ses positions, celles d’un cinéaste convaincu, indépendant et inféodé à aucune chaîne. De grande culture, avec de fermes convictions sans être dogmatique, il avait une idée du cinéma qui était pour lui, une intense raison de vivre. C’était aussi un cinéaste utopiste: il croyait que le cinéma devait se faire sans entrave. En toute liberté, à la première personne. Pascal était aussi un cinéaste de principes et souvent il nous disait: le cinéma est comme la vie, il ne vaut que lorsqu’on reste intègre à ses idées et à ses principes. Il pouvait être pugnace dans la défense de ses convictions. Mais au regard des années, les idées qu’il a défendues, sont devenues plus menacées encore. Et pourtant, le combat n’était jamais perdu. Le cinéma restera pour lui et à jamais d’abord une affaire de cinéastes. Ses films sont d’émouvants témoignages de ce que furent ses origines familiales juives polonaises, de ses engagements politiques et éditoriaux (notamment dans les Cahiers du cinéma). C’est pourquoi il faut les revoir. Liberty Belle, L'Éducatrice, La Fête des mères, Je ne vous oublierai jamais, La Théorie du fantôme et ses entretiens avec Serge Daney resteront des témoignages indispensables à qui veut le comprendre et comprendre notre temps. Et au-delà de ses films [...], Pascal restera un grand défenseur du cinéma d’auteur qui ne baissera jamais les bras. Il aura d’ailleurs tenté jusqu’à son dernier souffle de mener à bien son aventure-cinéma commencée en 1973. Son dernier scénario à partir de la Vierge enceinte de Piero della Francesca était la preuve éclatante de son désir intact, et nous regrettons que ce film n’ait pas vu le jour. » Luc Béraud et Joël Farges, sur le site de la SACD