Nos films préférés en 2020 : Benoît Chaput
Évidemment, peu ou pas de films en salles pour l’année du confinement (la première année du confinement ?). Il a fallu se rabattre sur le formidable Criterion Channel (qui n’est pas, je le crains, disponible en Europe), ou, épuisés par les frasques de nos deux lutins de trois et six ans et tombant de sommeil au bout d’une demi-heure, sur des séries du souvent navrant Netflix.
N’empêche qu’il y a, même en ce lieu, d’inspirantes pépites. À commencer par un des seuls goûts cinématographiques que je partage avec ma fille, les œuvres de Hayao Miyazaki qui sont presque toutes sur cette chaîne. Que ce soit Le Château dans le ciel [1986], Le Voyage de Chihiro [2001] ou Le Château ambulant [2004], ses films découverts cette année portent tous la marque de leur auteur : une finesse du détail inouïe mise au service d’une imagination qui se joue constamment des poncifs du film pour enfant.
Il y a eu aussi d’autres films du studio Ghibli, fondé par Miyazaki, dont le délicieux Si tu tends l’oreille [1995], seul long métrage de Yushifumi Kondo.
Parmi les séries sur cette chaine, « Godless » de Scott Frank [2017] vaut surtout pour le formidable personnage de Frank Griffin créé par Jeff Daniels, tant la réalisation est grêlée par le racolage d’effets spéciaux et de scènes chocs à répétition qui sont la marque de certaines réalisations Netflix. Mais Frank Griffin vaut le visionnement.
Du plaisir aussi à voir « The Queen’s Gambit » (Scott Frank & Allan Scott, 2020), malgré certains de ces mêmes défauts (les pièces du jeu d’échec au plafond !).
Deux films vus cette année sur Netflix sont indéniablement des réussites, Roma d’Alfonso Cuaron [2018] et The Forty-Year-Old Version de Radha Blank [2020], comédie particulièrement jouissive.
Les explorations Criterion m’ont fait découvrir Alice Rohrwacher, dont Corpo Celeste [2011] et Les Merveilles [2014] sont des plaisirs à ne pas bouder.
D’autre plaisantes découvertes, souvent tardives, sur cette plateforme, Girl with Green Eyes de Desmond Davis [1964], The Verdict de Sidney Lumet [1982], Defending Your Life d’Albert Brooks [1991], Wuthering Heights d’Andrea Arnold [2011] et voir enfin Something Wild de Jonathan Demme [1986] (du bonbon !). Et, la veille de Noël, Remember the Night de Mitchell Leisen (scénario de Preston Sturges) [1940] est un doux plaisir qui montre déjà l’Amérique divisée de maintenant. Quoi d’autre ? Ah, oui, la surprise d’aimer À nos amours de Pialat [1983], surtout pour le réalisateur acteur, et Bonnaire évidemment, alors que ce type de film me rebute en théorie.
Voilà, un tour d’horizon, de mémoire... J’oubliais le très agréable Obamas : une histoire d’amour, de visages et de folie de l’ami Moussa Djigo [2015], qui ne parle pas des Obama mais qui est habité par une Montréal déjà lointaine, une Montréal où l’on pouvait se voir, aller et venir et embrasser l’inconnu à sa guise. Ah, quand reviendras-tu, guise de l’inconnu ?