Lectures pour tous : Graham Greene
« [Le nouveau ministre] était un petit homme replet qui, pour une raison quelconque, portait l’insigne d’une association d’étudiants, et dont les dents étaient très grosses, très blanches et aussi espacées que des pierres tombales destinées à un cimetière beaucoup plus vaste. Une odeur bizarre nous parvenait par-dessus son bureau, comme si une des tombes était restée ouverte. J’accompagnai Mr Smith pour le cas où l’on aurait besoin d’un interprète, mais le nouveau ministre parlait bien l’anglais avec un accent un peu nasal qui, dans une certaine mesure, venait à l’appui de l’insigne des Anciens Élèves. (J’appris plus tard qu’il avait été pendant quelque temps "petit boy" à l’ambassade américaine. Il aurait donc pu offrir un rare exemple de réussite par le mérite s’il n’avait pas passé une période d’intérim au service des tontons macoutes, en tant qu’assistant spécial du colonel Gracia, dit Gros Gracia.) »
Graham Greene, Les comédiens, 1966,
Robert Laffont « Pavillons », traduit de l’anglais par Marcelle Sibon.