Entretien avec Jim House (sur le17 octobre 1961)
« On peut tout à fait parler de "ratonnades", un terme qui met en avant, à juste titre, l’aspect raciste des violences. Ces ratonnades contre des Algériens en métropole ou en Algérie, sur lesquelles travaille l’historienne Sylvie Thénault sur une période large, peuvent venir de civils européens. Mais dans le cas du 17 octobre 1961, c’est un massacre commis par des agents de l’État. Donc, le non-emploi de ce mot n’est pas là pour escamoter l’aspect raciste, mais pour pointer l’aspect organisationnel et l’implication de l’État dans les violences. En retraçant l’histoire de ce terme, pendant ma thèse sur l’histoire de l’antiracisme en France, j’ai constaté que les violences à l’encontre des Algériens existaient en métropole bien avant la guerre d’indépendance. Ce qu’on voit dans la période de la guerre d’indépendance, c’est en fait leur exacerbation. Cela aide à faire l’histoire de l’opinion parisienne et métropolitaine sur la présence des Algériens, et à comprendre l’indifférence face à ces violences, due à plusieurs décennies durant lesquelles l’opinion était très hostile aux Algériens. » [Extrait d’un entretien avec Jim House, qu’on lira en entier sur En attendant Nadeau, c’est-à-dire ICI (propos recueillis par Pierre Benetti et Pierre Tenne).]